Sur le papier, il s’agit du choc de cette 12e journée du Top 14. Dimanche, à 21 heures, l’ASM Clermont Auvergne (1er) reçoit son dauphin au classement, le Stade toulousain : un classique du rugby français entre les deux meilleures attaques du championnat. Mais, aux pays des volcans, la montagne risque bien d’accoucher d’une souris.

Après deux semaines intenses de Coupe d’Europe et avant la réception, dimanche prochain, de Toulon au Stadium, l’encadrement haut-garonnais a en effet décidé d’accorder une semaine de vacances (obligatoire avant le 31 décembre) aux internationaux Julien Marchand, Sébastien Bézy, Cheslin Kolbe et Yoann Huget, d’offrir un repos bien mérité à des joueurs très utilisés (Rynhardt Elstadt, Iosefa Tekori et Sofiane Guitoune), et de ménager Zack Holmes et Romain Ntamack, dont le corps siffle.

La rotation devrait être de moindre importance que celle effectuée le 23 septembre à Montpellier (seulement deux titulaires habituels avaient démarré la rencontre), où le Stade toulousain avait subi une déroute (66-15) qui avait fait couler beaucoup d’encre. A l’époque, on avait évoqué ce mal français des impasses, à savoir cette propension à « lâcher » volontairement un match lors d’un déplacement chez un rival, histoire de reposer ses troupes.

Ce mal n’est pas nouveau. Quand le football a toujours sacré son lauréat au terme d’un contrôle continu, le rugby est resté fidèle à ses phases finales. On peut terminer la saison à la sixième place et soulever le Bouclier de Brennus quelques semaines plus tard. Castres l’a encore prouvé la saison dernière.

« Parler d’impasse, c’est un raccourci »

Entraîneur des avants du Stade toulousain, William Servat n’a pas tout à fait fini de digérer les critiques lues et entendues après la défaite contre Montpellier. « Certains journalistes ont été un peu vite pour parler d’impasse. Aujourd’hui, mettre des joueurs au repos est pourtant une évidence, surtout dans le contexte actuel. Notre mentalité ce n’est pas de faire des impasses. »

L’ancien talonneur international en a remis une couche vendredi en conférence de presse : « Parler d’impasse, c’est un raccourci qui est très désagréable. C’est aussi un manque de respect pour ceux qui vont jouer. Que les spectateurs et téléspectateurs se rassurent : il y aura une très belle feuille de match à Toulouse. »

Le diffuseur, Canal+, qui propose cette rencontre un dimanche à 21 heures en lieu et place de la traditionnelle affiche de Ligue 1 de football, aimerait le croire sur parole. Surtout que depuis cette « impasse » à Montpellier, Toulouse propose de nouveau un jeu séduisant et aligne les victoires.

Néanmoins, équipe remaniée ou pas, le déplacement en Auvergne reste délicat. Les Clermontois ont inscrit cette année quarante et un points par match en moyenne devant leur public du stade Marcel-Michelin – où Toulouse n’a pas connu la victoire depuis 2002. Cette saison, le champion de France 2017 a retrouvé tout son allant, en partie grâce à une préparation enfin digne de ce nom à l’intersaison. La cascade de blessures de la saison 2017-2018 est désormais un lointain souvenir.

Mais, après les deux semaines de Challenge européen (la seconde Coupe d’Europe), les hommes de Franck Azéma manqueront-ils de rythme ? « Ce sera à nous d’être capables de proposer un volume de jeu suffisant pour être à la hauteur de l’événement », a répondu Morgan Parra, le demi de mêlée. Comme Toulouse.