Kalidou Koulibaly a été expulsé face à l’Inter Milan pour un deuxième carton jaune. Il était la cible depuis le début du match de cris de singe venus des tribunes milanaises. / ALBERTO LINGRIA / REUTERS

Jouer, coûte que coûte. La Fédération italienne de football a confirmé la tenue, samedi 29 décembre, de la 19e journée de Serie A, malgré la nouvelle polémique sur les maux du calcio.

Le match entre l’Inter Milan et Naples, censé être le point d’orgue de la journée événement de la « Santo Stefano », a été marqué par des cris racistes envers Kalidou Koulibaly et la mort d’un supporteur.

« La nuit la plus sombre », titrait vendredi La Gazzetta dello Sport, principal quotidien sportif italien, consacrant 13 pages aux événements et réclamant une « tolérance zéro contre les intolérants ». Le mort de Milan et les sanctions visant l’Inter faisaient aussi la « une » de La Repubblica, qui dressait la longue liste des victimes des stades italiens – 23 en cinquante ans – et dénonçait « ce football sans courage ».

Conte aurait souhaité une pause

Du courage, le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, en aurait visiblement souhaité un peu plus de la part de la Fédération italienne. Il n’a pas été entendu. « Je donnerais un signal fort de césure, en ayant même recours à une pause des matchs, en vue d’une réflexion fructueuse pour ceux qui y participent, mais je laisse les autorités compétentes décider », a-t-il dit vendredi lors d’une conférence de presse de fin d’année.

« J’ai parlé avec tout le monde pour bien comprendre quel était le climat et, à l’unanimité, nous avons décidé d’avancer », avait dit la veille le président de la fédération, Gabriele Gravina, après des rendez-vous avec les responsables de la Ligue, du Comité olympique et des ministères concernés.

Les instances sportives ont donc tranché et maintenu cette 19e journée, qui se tiendra tout de même forcément dans une ambiance particulière, entre manifestations de soutien à Koulibaly, visé à plusieurs reprises par des cris de singe à San Siro, et questions sur les circonstances de la mort de Daniele Belardinelli.

Agé de 39 ans, supporteur de Varèse et de l’Inter, deux clubs dont les tifosi sont proches, Daniele Belardinelli a été renversé par un véhicule en marge d’une violente bagarre entre des supporteurs de l’Inter et des tifosi de Naples, qui arrivaient au stade en minibus. Il avait été interdit de stade entre 2007 et 2017 pour des faits de violence. Des ultras de l’OGC Nice, proches des ultras de l’Inter classés à l’extrême droite, participaient également aux affrontements.

Salvini souhaite la fin des matchs à risque le soir

Le match de l’Inter Milan (3e) samedi sera donc particulièrement scruté. Dès jeudi, le déplacement des supporteurs milanais à Empoli, près de Florence, a été interdit par la préfecture de police. D’autres interdictions de déplacement pourraient suivre pour les tifosi nerazzuri (noir bleu).

Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur et homme fort du gouvernement, s’est cependant déclaré vendredi opposé à ce type de mesures, qui « condamnent les vrais tifosi, des millions de personnes qui ont le droit de suivre leur équipe et qui ne doivent pas être confondus avec quelques délinquants circulant avec un couteau dans la poche ».

Il a également assuré que les matchs à risque ne se joueraient plus le soir, « mais à la lumière du jour, à midi, à 15 heures, avec des hélicoptères de la police qui pourront contrôler les délinquants ».

Matteo Salvini, supporteur assumé du Milan AC, s’est également fait remarquer par la légèreté de ses commentaires vis-à-vis des cris racistes visant Kalidou Koulibaly, à l’inverse de Giuseppe Conte.

Le Sénégalais, exclu mercredi contre l’Inter, sera par conséquent suspendu contre Bologne. Naples, qui n’a pas réagi officiellement aux événements de San Siro, pourrait décider de faire appel de cette sanction, selon la presse sportive italienne.

Le football italien derrière Koulibaly

Koulibaly a, lui, reçu le soutien de très nombreux joueurs, dont certains ont été confrontés eux aussi au racisme dans les stades italiens (Boateng, Matuidi…). L’Inter Milan et ses joueurs ont également exprimé leur soutien au défenseur napolitain. Le phénomène des cris de singe étant récurrent en Italie, les dirigeants de la fédération ont annoncé des discussions à venir pour donner aux arbitres plus de latitude pour interrompre les matchs.

San Siro sera à huis clos pour les deux prochains matchs de l’Inter Milan, et sa curva (virage) nord, dont sont parvenus les cris, sera fermée un match supplémentaire.

Dans ce contexte, la dimension sportive passe forcément au second plan. Mais en ouverture de cette 19e journée, la Juventus Turin, intouchable leader, tentera tout de même de finir la phase aller invaincue. Elle reçoit une Sampdoria Gênes (5e), est en grande forme, à l’image de son attaquant vétéran Quagliarella, buteur lors des huit derniers matchs.