Samuel Nja Kwa hante les concerts, les festivals, les loges des artistes depuis des années. Autant sur le continent africain qu’en France, où il est né de parents camerounais en 1964 et où il réside. Dans Africa Is Music, il propose une photographie du nec plus ultra de la bande-son panafricaine d’hier et d’aujourd’hui. Après des études en sciences politiques, il décide de s’orienter vers le journalisme. Privilégiant l’écriture d’abord, il opte ensuite à plein temps pour la photo, une passion qu’il a attrapée adolescent, dans le club photo de son lycée à Melun (Seine-et-Marne).

Appareil en main, il va d’abord approcher les scènes et les artistes de jazz. Des années plus tard, le livre de photographies Route du jazz (Editions Duta, 2014), préfacé par Manu Dibango, témoignera de cette expérience. La route du jazz l’amène naturellement vers l’Afrique et ses musiciens, le sujet de son nouvel ouvrage, Africa Is Music. Ses va-et-vient entre l’Europe et l’Afrique, raconte ce globe-trotteur de l’objectif, lui ont « permis de redécouvrir l’Afrique à travers la musique. Au fil des pages, chaque photographie dévoile la complicité que j’ai pu avoir avec les artistes ».

Intimité et fièvre

Préfacé par le bassiste sénégalais Alune Wade, que l’on retrouve sur la photo de couverture, ce livre ­regroupe des photographies en noir et blanc et en couleurs d’environ cent cinquante musiciens, prises entre 1996 et 2018. Y défilent les anciens, vivants ou partis faire danser les anges (Ali Farka Touré, Manu Dibango, Cesaria Evora, Kassé Mady Diabaté, Hugh Masekela, Miriam Makeba…), et leurs « petites sœurs et petits frères » (Fatoumata Diawara, Seun Kuti, Krotal, Sara Tavares…). Entre portraits et prises de vue récoltées au cours de concerts, c’est une succession de moments ­d’intimité et de fièvre, d’images vibrantes et vraies.

Les photographies sont regroupées autour de thèmes transversaux (« Musique et tradition », « L’Afrique insulaire », « L’esprit jazz », « Musique et football », « Musique et cinéma »…) et complétées de textes et d’interviews souvent pertinents, de la plume de Samuel Nja Kwa ou des nombreux contributeurs, dont les artistes Aziz Sahmaoui, Blick Bassy, Wally Badarou ou Alsarah. Si l’on aurait souhaité voir un index en fin d’ouvrage pour retrouver facilement une photo ou un article, et des légendes plus lisibles, il faut saluer le mérite de ce beau livre qui porte témoignage de la richesse et de la vivacité des musiques africaines.

Couverture de l’ouvrage « Africa Is Music », de Samuel Nja Kwa. / EDITIONS DUTA

Africa Is Music, de Samuel Nja Kwa, Editions Duta, 300 pages, 39,90 €. A commander sur samuelnjakwa.com.