« Michel Legrand, sans demi-mesure », documentaire de Grégory Monro (Fr., 2018, 52 min). Arte +7 à la demande. / MARTIN BUREAU / AFP

LES CHOIX DE LA MATINALE

Pour ce dernier week-end de 2018, La Matinale vous propose des replays très « fêtes de fin d’année », avec des grands chefs invités par Michel Denisot, la renaissance du palace Le Crillon présentée par Stéphane Bern, et un documentaire sur Michel Legrand.

Profession : cuisinier.ère

Profession Cuisinier.ère avec Cyril Lignac, Thierry Marx, Anne-Sophie Pic ... - CANAL+
Durée : 00:42

Avec le métier de chef de cuisine, Michel Denisot poursuit sa tournée des popotes en matière de professions connues du public, dans un nouveau numéro de son émission « Profession… » sur Canal+. Car beaucoup de cuisiniers sont devenus de véritables vedettes grâce notamment aux programmes de télé-réalité (« Top Chef », « Le Meilleur Pâtissier », etc.) auxquels ils ont participé. Deux d’entre eux à s’y être particulièrement illustrés sont d’ailleurs conviés à la table de M. Denisot : Thierry Marx et Cyril Lignac (qui eut même sa marionnette aux « Guignols de l’info », laquelle ne cessait de répéter son fameux mantra « gourmand-croquant »…). On note la présence de deux femmes (Anne-Sophie Pic et Adeline Grattard, cette dernière étant encore peu connue du public en dépit de son portrait dans la série « Chef’s Table » de Netflix), du jeune Akrame Benallal qui ne connaît pas encore la renommée des très grands noms de la profession que sont Pierre Gagnaire ou Guy Savoy, également invités.

Michel Denisot pose comme toujours ses questions neutres, qui laissent à l’invité la possibilité d’orienter sa réponse à sa guise. Mais le niveau de discours n’est pas toujours à la hauteur de celui de certains numéros passés de l’émission. Et l’on regrette que le sujet de la surmédiatisation du métier et du décalage avec la réalité de son exercice ne soit pas davantage creusé. Mais Guy Savoy fait pétiller un peu l’atmosphère un rien terne de ce plateau avec l’évocation de ce qu’il appelle joliment sa « papillothèque » et une blague à propos de la définition du mot « confrère » : « Un confrère est quelqu’un qui fait le même métier que vous, mais moins bien. » Renaud Machart

« Profession : cuisinier.ère », émission présentée par Michel Denisot (Fr., 2018, 53 min). Sur Canal+ à la demande

La renaissance du Crillon

Vous ne le saviez peut-être pas, mais l’Hôtel de Crillon, place de la Concorde, à Paris, avait fermé ses portes en 2013 pour une rénovation complète, dont le souci de perfection de ses commanditaires, détaillé par le menu au cours de cette émission très fêtes de fin d’année, avait plusieurs fois reporté sa réouverture. Stéphane Bern fait le maître de cérémonie, mais c’est seulement une « participation » : l’amateur du patrimoine bien connu ne fait qu’enfiler quelques formules toutes faites en introduction et en conclusion de ce programme d’une heure et quarante minutes.

Ce « palace à la française », comme il est répété et encore répété, est en fait la propriété d’un membre de la famille royale saoudienne, qui a mis la main au carnet de chèques pour qu’aucun détail luxueux ne soit négligé en vue de l’obtention du prestigieux label « Palace » (accordé en septembre). De J –120 au jour de l’ouverture (avec un post-scriptum filmé sept mois après l’ouverture, en juillet 2017) sont passés en revue tous les corps de métier associés à cette renaissance (couteaux, cuisine, plumasserie décorative, majordomes, etc.) avec suivi de supervision de l’exigeante directrice artistique. On notera une scène avec Karl Lagerfeld, qui a décoré une suite de 300 m2 équipée d’une baignoire de « 1 400 kilos taillés dans un seul bloc de marbre », au cours de laquelle le couturier livre l’un de ses « karlismes » définitifs : « On voit que ça a coûté cher, dans le bon sens du terme : ce n’est pas “bling-bling”, c’est raffiné. Et le raffinement est plus cher que le “bling-bling”. » Et toc ! Si l’on ose dire. R. Ma.


« Hôtel de Crillon : la renaissance d’un palace mythique », documentaire réalisé par Marianne Maurice, Nathalie Conscience et Christian Huleu (Fr., 2018, 102 min). A la demande sur Pluzz.

Michel Legrand, inventeur de mélodies

Michel Legrand - Sans demi-mesure - ARTE
Durée : 52:41

Ce documentaire de Gregory Monro revient sur la longue et riche carrière du compositeur, pianiste et chef d’orchestre (mais aussi chanteur et acteur) Michel Legrand, un « pulvérisateur de frontières », comme le définit son biographe Stéphane Lerouge : le musicien fera de certaines de ses musiques de film des œuvres de concert et il écrira même un Concerto pour piano swinguant mais qui surfe sur les lieux communs de la musique savante du XXe siècle.

Ainsi que le reconnaît Legrand, l’urgence dans laquelle la musique de cinéma est conçue titille davantage son adrénaline créatrice. Mais quel inventeur de mélodies ! Celles pour les films de Jacques Demy sont ancrées dans la mémoire collective, de même que celles de ses partitions-fleuves hollywoodiennes : L’Affaire Thomas Crown (1968), dont un Oscar (le premier des trois que remportera Legrand) récompensera la célèbre chanson The Windmills of Your Mind, devenue en français Les Moulins de mon cœur. Et, ainsi que le dit Legrand avec une délicieuse (mais lucide) vanité : « Après, tous les films sont passés par moi, c’était le paradis… »

On peut regretter les tics de réalisation de ce documentaire : images reconstituées de Legrand enfant à son piano, à côté d’un… porte-parapluies ; commentaire en voix off qui personnifie la musique et fait parler à la première personne du singulier… Mais la documentation est sérieuse et les propos des témoins intéressants – dont ceux du cinéaste Bertand Tavernier, œil et oreille toujours justes. R. Ma.

« Michel Legrand, sans demi-mesure », documentaire de Grégory Monro (Fr., 2018, 52 min). Arte +7 à la demande.