Le bus attaqué à Gizeh transportait des touristes, le 28 décembre 2018. / AMR ABDALLAH DALSH / REUTERS

Répondre au défi du terrorisme par des annonces musclées, c’est le choix que semblent faire les autorités égyptiennes. Au lendemain d’une attaque à la bombe artisanale contre un car de touristes vietnamiens qui a fait quatre morts, le ministère égyptien de l’intérieur a annoncé, samedi 29 décembre, que les forces de sécurité avaient abattu un nombre dix fois supérieur de djihadistes à l’issue de plusieurs raids. Les opérations annoncées ont eu lieu à Gizeh, lieu de l’attaque de vendredi, où trente terroristes ont été tués selon les autorités mais aussi dans le Sinaï Nord, où l’armée égyptienne mène une guerre à huis clos contre une insurrection djihadiste liée à l’Etat islamique.

Selon le communiqué publié samedi par le ministère de l’intérieur, les individus tués au cours de ces raids « planifiaient une série d’agressions contre le secteur du tourisme, les lieux de culte chrétiens et les forces de sécurité ». Le ministère n’a pas lié directement ces raids policiers à l’attaque de vendredi qui n’a pas été revendiquée, mais une source sécuritaire a précisé à l’Agence France-Presse qu’ils avaient eu lieu « tôt » samedi matin, donc après l’attentat.

La veille, le premier ministre égyptien, Moustafa Madbouli, en déplacement à l’hôpital Al-Haram où les personnes blessées, lors de l’attaque, avaient été admises a évoqué au sujet de l’explosion de Gizeh un « incident regrettable ». « Nous devons savoir qu’il est possible que cela se répète à l’avenir, a-t-il ajouté. Aucun pays au monde ne peut garantir la sécurité à 100 %. »

Groupes extrémistes

Malgré des améliorations récentes – l’attaque de vendredi est la première depuis l’été 2017 –, le secteur du tourisme qui était autrefois un fleuron de l’économie égyptienne a pâti de l’instabilité politique causée par la révolution de 2011 et continue de pâtir la dégradation réelle ou perçue des conditions de sécurité dans le pays. Depuis la destitution, en 2013, par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi, l’Egypte a été la cible de nombreuses attaques menées par des groupes extrémistes, visant essentiellement les forces de sécurité et la minorité chrétienne copte, provoquant la mort de centaines de personnes.

La plus importante attaque récente contre des touristes remonte au 31 octobre 2015. L’organisation djihadiste Etat islamique (EI) avait revendiqué un attentat à la bombe ayant coûté la vie aux 224 occupants d’un avion russe transportant des touristes russes après son décollage de Charm El-Cheikh, une célèbre station balnéaire située dans le sud du Sinaï. C’est cette attaque qui a porté le coup le plus dur au tourisme en Egypte, en particulier auprès des voyageurs russes mais aussi européens. Les autorités avaient ensuite tenté d’attirer une clientèle asiatique et arabe.