Emmanuel Macron et Alexandre Benalla, le 12 avril 2018. / Gonzalo Fuentes / REUTERS

Alexandre Benalla a-t-il été en contact avec Emmanuel Macron depuis son licenciement de l’Elysée ? A cette question, l’entourage du président est formel : non. Mais l’ancien chargé de mission affirme le contraire, dans un entretien accordé dimanche 30 décembre à Mediapart, précisant échanger régulièrement avec le chef de l’Etat via la messagerie Telegram. « Ça va être très dur de le démentir parce que tous ces échanges sont sur mon téléphone portable », prévient celui qui est mis en cause pour des violences sur des manifestants le 1er-Mai.

Selon Alexandre Benalla, ses conversations avec Emmanuel Macron depuis l’été sont comparables aux échanges qu’il avait déjà avec le chef de l’Etat quand il était son homme de confiance à l’Elysée. Elles portent « sur des thématiques diverses » :

« C’est souvent sur le modecomment tu vois les choses ? Cela peut aussi bien concerner les “gilets jaunes”, des considérations sur untel ou sur untel ou sur des questions de sécurité ».

Dans cet entretien, Alexandre Benalla affirme aussi échanger de manière régulière avec d’autres membres de la présidence, comme il l’avait déjà affirmé ces derniers jours dans un courrier adressé à l’Elysée. Ces échanges ont eu lieu jusqu’aux récentes révélations sur son utilisation d’un passeport diplomatique pour des voyages d’affaires en Afrique. « Là, le lien est coupé », selon lui.

« Le président de la République est informé en direct »

Après ces révélations, le ministère des affaires étrangères a saisi le procureur de la République qui a ouvert une enquête pour « usage sans droit » de passeports diplomatiques. Alexandre Benalla, qui a récemment effectué plusieurs voyages en Afrique et rencontré des dirigeants, affirme aussi avoir toujours rendu compte au président ou à son entourage de ses faits et gestes.

« J’explique que j’ai vu telle personne, je détaille les propos qui m’ont été rapportés et de quelle nature ils sont. Après, ils en font ce qu’ils veulent. Y compris le président de la République, qui est informé en direct. »

« Des conneries phénoménales »

L’Elysée avait insisté, mardi, sur le fait que M. Benalla n’était « pas un émissaire officiel ou officieux » de la présidence. L’ancien chargé de mission définit, quant à lui, son rôle des derniers mois comme celui d’un « un élément extérieur qui veut du bien au mec [Emmanuel Macron] qui lui a fait confiance. »

« J’aurais pu claquer la porte et passer à autre chose. Mais on continue à me solliciter, alors je continue à répondre. () Cela dérange un certain nombre de personnes, qui sont puissantes et qui font comme si le président était sous curatelle. Ils lui font faire des conneries phénoménales. »

Alexandre Benalla affirme d’ailleurs que, début octobre, une personne de l’Elysée lui a rendu des effets personnels et ses passeports diplomatiques dans une rue près du Palais avec pour seule consigne « tu ne fais pas de bêtises avec ». « Si on ne veut pas que j’utilise ces passeports, il n’y a qu’à les désactiver et les inscrire à des fichiers », plaide-t-il, précisant les avoir utilisés pour entrer dans « une dizaine de pays » depuis l’automne. « Quand vous voyagez à l’étranger avec un passeport diplomatique, l’ambassade de France est au courant que vous arrivez », assure-t-il. L’Elysée et le Quai d’Orsay ont affirmé n’avoir pas été informés de l’utilisation de ces passeports et avoir réclamé à Alexandre Benalla leur restitution.

L’affaire Benalla résumée en 5 minutes
Durée : 05:31