Les festivités du Nouvel An devaient se dérouler sous haute sécurité, lundi 31 décembre, à Paris ainsi que dans plusieurs villes de province. La menace terroriste reste toujours élevée, après l’attaque contre le marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre. Mais cette année, la particularité du passage à 2019 résidait également dans les appels des « gilets jaunes » à manifester, notamment sur les Champs-Elysées, dans la capitale.

Un appel avait été ainsi lancé ces derniers jours sur Facebook pour un rassemblement « festif et non violent » sur l’avenue parisienne à 20 heures, au moment des traditionnels vœux télévisés du président de la République aux Français. Un périmètre de sécurité a été instauré dès 16 heures lundi sur les Champs-Elysées et la place de l’Etoile, avec des points de filtrage installés aux entrées de la zone pour procéder à des fouilles de passants et de véhicules. Un maintien de l’ordre particulièrement délicat à assurer alors que les « gilets jaunes » devaient converger sur l’avenue parisienne en plus des touristes et des badauds traditionnels. L’an dernier, le réveillon de la Saint-Sylvestre avait attiré près de 400 000 personnes sur les Champs-Elysées. Entre 8 000 et 10 000 membres des forces de l’ordre étaient attendues lundi dans la capitale, dont une vingtaine de compagnies de CRS et de gendarmes mobiles.

Au total, « 147 935 personnels, forces de l’ordre, de sécurité civile et militaires de l’opération Sentinelle seront mobilisés sur l’ensemble du territoire », a déclaré le ministère de l’intérieur dans un communiqué diffusé dimanche soir, un chiffre légèrement supérieur à 2017 avec des effectifs de près de 140 000 personnes déployées. Sur l’ensemble de la région parisienne, des contrôles dans les transports en commun et dans les gares étaient également prévus, ainsi que sur les axes routiers structurants.

Nouvelles actions en janvier

Les effectifs de sécurité et de secours devaient être renforcés dans d’autres villes du pays, notamment à Bordeaux et à Nice où des « gilets jaunes » ont lancé des appels au rassemblement. Les manifestants avaient prévu de tirer un feu d’artifice à minuit, le 31 décembre, depuis le pont d’Aquitaine à Bordeaux, ou de se retrouver place Masséna à Nice, mais aussi au rond-point de Saint-Isidore (Alpes-Maritimes), près de l’autoroute A8.

Cet « acte VIII » des « gilets jaunes » intervient alors que l’« acte VII », samedi 29 décembre, a moins mobilisé, plus d’un mois et demi après le début du mouvement. Selon les chiffres du gouvernement, près de 12 000 manifestants au total se sont rassemblés sur l’ensemble du territoire, mais les personnes mobilisées promettent de nouvelles actions en janvier, alors que débutera le « grand débat national » décidé par le gouvernement pour tenter de répondre à la crise.

Avec quelque 2 500 manifestants, Bordeaux est la ville où la mobilisation a été la plus forte samedi tandis qu’à peine un millier de personnes ont défilé à Marseille, à Rouen ou à Nantes et 800 à Paris, selon les chiffres officiels. A Marseille comme à Bordeaux, des heurts ont éclaté entre des protestataires et les forces de l’ordre. A Paris, plusieurs centaines de « gilets jaunes » s’en sont pris aux médias, venant notamment manifester à proximité des locaux de BFM-TV, de France Télévisions et de Radio France. A Paris, 57 personnes ont été interpellées et 33 placées en garde à vue. Des heurts ont également éclaté à Rouen, où la porte de la Banque de France a été incendiée, et à Nantes où un manifestant a été blessé à la tête après qu’il aurait reçu un tir de lanceur de balles de défense, selon France Bleu.

Depuis le début du mouvement en novembre, dix personnes ont été tuées sur des points de blocage en France et plus de 1 600 manifestants ont été blessés, dont une cinquantaine gravement. L’inspection générale de la police nationale a été saisie par la justice de 48 affaires de violences policières présumées lors de manifestations de « gilets jaunes » et de lycéens. La mobilisation des anti-« gilets jaunes » tente par ailleurs de s’organiser pour dénoncer les blocages et les violences : un appel a été lancé pour une manifestation à Paris, le 27 janvier, en soutien à Emmanuel Macron et au gouvernement.