Un ferry arrive au port de Douvres, en Angleterre, en mars 2018. / DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Un Brexit sans accord. Une compagnie de ferry sans bateau. Le gouvernement britannique était sous le feu de critiques, lundi 31 décembre, pour avoir passé un contrat de 13,8 millions de livres (15,3 millions d’euros) avec une compagnie de ferrys sans expérience et sans navire, dans le cadre de ses préparatifs au Brexit.

Le ministère des transports britannique a passé des contrats avec trois compagnies de ferrys pour un montant de 107 millions de livres (120 millions d’euros) afin de limiter les perturbations dans les ports en cas de sortie de l’Union européenne sans accord. L’un de ces contrats, d’un montant de 13,8 millions de livres, a été noué avec la société britannique Seaborne pour créer des liaisons supplémentaires avec le continent.

Mise en service en mars

Seaborne doit transporter du fret de Ramsgate, en Angleterre, jusqu’au port belge d’Ostende. Le port de Ramsgate, situé dans le Kent, ne fournit plus ce type de services depuis 2013. Or Seaborne n’a jamais eu d’activité de fret et n’a « ni navire ni historique commercial », selon le conseiller local Paul Messenger (conservateur), interrogé par la BBC.

« Pourquoi choisir une entreprise qui n’a jamais transporté un seul camion de son histoire et leur donner 14 millions de livres sterling ? Je ne vois pas la logique », a-t-il déclaré, estimant peu probable que la compagnie soit capable de mettre en place ce service à temps pour le Brexit, prévu le 29 mars 2019.

Dans un communiqué, Seaborne a affirmé travailler depuis 2017 pour lancer un service de ferry début 2019. « Le service devait démarrer à la mi-février, mais il a maintenant été retardé à la fin mars pour des raisons opérationnelles », a souligné la compagnie.

« Fiasco du Brexit »

« Ce contrat a été attribué en sachant que Seaborne Freight est un nouveau fournisseur de services de transport maritime et que la capacité et les navires supplémentaires seraient fournis dans le cadre de ses premiers services », s’est défendu le ministère des transports dans un communiqué.

Mais l’opposition a tancé le gouvernement. « Le fait que le gouvernement ait signé un contrat avec une compagnie de ferrys sans ferrys résume en gros leur approche grotesque du fiasco du Brexit », a moqué le député Edward Davey, membre du Parti libéral-démocrate, pro-UE, sur Twitter. Le député travailliste Neil Coyle, anti-Brexit, a dénoncé « le dernier gâchis en date » du ministre des transports Chris Grayling, après l’affaire des drones qui ont semé la pagaille à l’aéroport de Gatwick récemment.

Quelles suites pour le Brexit ?
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