Benoît Micolon, co-fondateur de l'ONG Pilotes volontaires, examine un Colibri 2 avant décollage, le 5 octobre 2018 à Lampedusa. / Samuel Gratacap pour « Le Monde »

« Imaginez appeler le SAMU et qu’on vous réponde que le chauffeur de l’ambulance n’est pas disponible avant deux jours… Inconcevable ? C’est pourtant la situation inacceptable dans laquelle nous nous retrouvons régulièrement », explique Benoit Micolon, cofondateur de Pilotes volontaires, une organisation non gouvernementale (ONG) qui survole la Méditerranée pour repérer les canots de migrants et indiquer leur position aux bateaux de sauvetage d’autres ONG.

Pilotes volontaires, montée grâce aux économies personnelles de deux pilotes et à des dons de particuliers, appuie les ONG qui patrouillent la bande de 150 kilomètres de long sur 50 kilomètres de large au large des côtes libyennes. « C’est la zone dans laquelle se sont retrouvés en grande difficulté 90 % des bateaux identifiés ces dernières années par les navires de secours », précise M. Micolon, lui-même pilote de ligne.

Sur ses huit premiers mois d’activité, l’avion de l’ONG a repéré quelque 4 000 personnes dans quarante-cinq canots, au cours de trente-huit survols. Un repérage autrement plus efficace que celui que peuvent mener les navires eux-mêmes. « A moins que ces bateaux passent à un ou deux kilomètres des canots, ils n’ont quasiment aucune chance de les repérer », explique M. Micolon.

Le 21 décembre 2018, son association a vécu une situation redoutée, quand il n’a pu offrir son assistance à l’ONG allemande qui lui demandait de localiser un esquif de migrants après en avoir reçu un message de détresse. Faute de moyens, l’aéronef de Pilotes volontaires était cloué au sol ce jour-là.

Pour 2019, l’ONG s’est fixé l’objectif de « répondre présent à chaque sollicitation ». Benoit Micolon se prépare avec son collègue à frapper aux portes des donateurs pour renforcer cette petite organisation, imaginée comme le maillon qui manquait aux opérations de sauvetage en Méditerranée.