Le bâtiment de la Fed, banque centrale des Etats-Unis, à Washington. / Manuel Balce Ceneta / AP

Les Etats-Unis ont créé 312 000 emplois en décembre 2018, un chiffre bien plus fort que les estimations ne l’avaient envisagé. Dans un communiqué publié le vendredi 4 janvier, le ministre du travail, Alexander Acosta, en jubile : « Avec plus de cinq millions d’emplois créés depuis l’élection de 2016, les Etats-Unis franchissent pour la première fois la barre des 150 millions d’emplois », sans compter les emplois du secteur agricole. Si le taux de chômage a légèrement augmenté de 3,7 % à 3,9 %, c’est en raison du retour sur le marché du travail de chômeurs découragés. La participation à l’emploi a d’ailleurs progressé de 62,9 % à 63,1 %. Il y a désormais plus d’offres d’emplois non pourvues aux Etats-Unis que de chômeurs. Le tout s’est accompagné d’une hausse annuelle des salaires de 3,2 % en décembre, bien supérieure à l’inflation (2,2 % en novembre).

Normalement, ces chiffres auraient dû indiquer un risque de surchauffe, laissant craindre une hausse des taux d’intérêts. Mais le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a laissé entendre qu’il ne remonterait pas à coup sûr ses taux à deux reprises en 2019. Objectif, calmer les marchés financiers, qui avaient dévissé de nouveau la veille en raison de l’avertissement d’Apple sur ses bénéfices. Les consommateurs chinois s’interrogent sur l’utilité d’acheter leur appareil 1 000 dollars quand il existe des smartphones dix fois moins chers sur le marché.

Powell refuse toute éventualité d’une démission

M. Powell a indiqué qu’il pourrait ralentir le rythme de remontée des taux s’il s’avérait que la chute des Bourses, qui a connu sa pire année depuis 2008 (-5,6 % pour le Dow Jones) avait un effet plus négatif que prévu sur l’économie. « Nous serons préparés à ajuster notre politique de manière rapide et flexible et à utiliser tous les outils pour soutenir l’économie si cela était nécessaire », a indiqué M. Powell, qui estime que les marchés vont bien plus loin que ce que disent les chiffres économiques. Ce dernier a aussi indiqué par un « non » retentissant, lors d’une conférence à Atlanta, vendredi, qu’il refuserait de démissionner si le président Trump le lui demandait. Sujet important car il n’est juridiquement pas clair que le président des Etats-Unis ait le droit de limoger le patron de la banque centrale, dont M. Trump a dit regretter la nomination.

Résultat, la peur d’une récession, dont les opérateurs financiers avaient fini par se persuader, s’estompe. L’Amérique se dirigerait plutôt vers un simple ralentissement. Conséquence, l’indice Dow Jones progressait vendredi de 3,4 % tandis que le Nasdaq, indice composé en grande partie de valeurs technologiques, bondissait de 4,5 %.