A l’aube de cette nouvelle année, où la capacité réformatrice de l’exécutif risque d’être mise à rude épreuve, Edouard Philippe s’efforce de resserrer les liens avec la majorité. Symbole de cette volonté : le premier ministre a invité les responsables des groupes La République en marche (LRM) et MoDem à l’Assemblée, ainsi que ceux du groupe macroniste au Sénat, mardi 8 janvier, à Matignon, pour faire un point sur les réformes à venir en 2019, et établir une méthode d’organisation du travail sur les textes entre le gouvernement et la majorité.

Les députés LRM invités veulent voir dans l’organisation de cette rencontre, à l’initiative du premier ministre et à la veille du séminaire gouvernemental, la volonté de l’exécutif de « mieux associer les élus de la majorité dans la préparation des réformes ». Comme une réponse à la demande formulée par leur chef de file des députés, Gilles Le Gendre, fin décembre, dans Le Figaro, de « mieux collaborer » entre le groupe majoritaire et l’exécutif.

« Il y a une nécessité d’intégrer davantage l’expertise des parlementaires », a souligné le chef du gouvernement lors de cette rencontre, alors que depuis le début du quinquennat, une partie des élus macronistes reprochent à l’exécutif de ne pas suffisamment prendre en compte leurs aspirations.

Davantage de « co-construction »

« L’idée, c’est d’adopter des méthodes de travail plus étroites entre l’exécutif et la majorité, mais aussi le Parlement en général, dans la préparation des textes en amont, dans le travail des amendements lors de l’examen des textes, tout en s’assurant ensuite que les mesures votées auront un réel impact dans la réalité des Français », résume la députée du Val-d’Oise, Fiona Lazaar, présente à la rencontre à Matignon en tant que vice-présidente du groupe LRM à l’Assemblée.

Au terme de deux heures de discussion, les élus de la majorité et Matignon ont convenu d’être davantage dans la « co-construction » des projets de loi. Soucieux de l’effet des réformes dans la vie réelle, le premier ministre a demandé aux rapporteurs et responsables de textes de davantage s’impliquer dans le « service après-vote ». Autrement dit, de suivre de près l’application des réformes sur le terrain, en effectuant par exemple des tournées locales pour s’assurer qu’il n’y a pas un point de blocage. Plus généralement, Edouard Philippe a exhorté les élus de la majorité à procéder à une « évaluation active » des réformes engagées pour voir s’il est possible d’améliorer des textes déjà en vigueur.

Lors de cette rencontre, qui visait à tracer des perspectives, un échéancier du programme des réformes pour 2019 a été détaillé : la loi Pacte et celle relative à la réforme de la justice seront examinées au Parlement lors de la troisième semaine de janvier ; la loi mobilité, ainsi que celle sur l’école, sur la santé et la fonction publique seront, elles, examinées au premier semestre. Dans les thématiques à travailler, figurent la réforme de la fiscalité locale, avec la question de la taxe d’habitation ; celle sur l’islam de France et une éventuelle réforme de la loi de 1905 ; enfin celle sur la bioéthique avec le sujet sensible de la PMA. Dans les autres sujets présentés, comme étant « à peaufiner », on retrouve la réforme constitutionnelle et celle des retraites, qui devrait être repoussée après les élections européennes de mai 2019.