Le premier ministre canadien Justin Trudeau et le président des Etats-Unis Donald Trump ont discuté lundi 7 janvier de « la détention arbitraire de deux Canadiens en Chine », depuis le 10 décembre, exhortant Pékin à les libérer.

Les deux dirigeants nord-américains ont également abordé la demande d’extradition émise par Washington aux autorités canadiennes, ajoute ce communiqué transmis par Ottawa.

Cette demande s’inscrit dans le cadre d’une enquête américaine sur le géant chinois des télécommunications Huawei, qui a conduit à l’arrestation, le 1er décembre, de sa directrice financière, Meng Wanzhou, à Vancouver (Colombie-Britannique).

MM. Trump et Trudeau « ont réaffirmé l’importance de respecter l’indépendance judiciaire et la primauté du droit » dans ce dossier.

Mesures de rétorsion de Pékin

Les autorités chinoises détiennent depuis près d’un mois deux ressortissants canadiens, officiellement pour activités « menaçant la sécurité nationale » : l’ex-diplomate Michael Kovrig, employé par l’organisme de réflexion International Crisis Group, et le consultant Michael Spavor, fréquemment en relation avec la Corée du Nord.

Le premier ministre canadien et le président des Etats-Unis « ont convenu de poursuivre leurs efforts en vue d’obtenir leur libération », souligne le communiqué d’Ottawa.

De nombreux observateurs jugent que la détention des deux Canadiens constitue une mesure de rétorsion après l’interpellation de Mme Meng à la demande de la justice américaine, alors qu’elle était en transit à Vancouver.

Washington la soupçonne de complicité de fraude pour contourner les sanctions américaines contre l’Iran. Elle a été libérée sous strictes conditions dans l’attente d’une nouvelle comparution début février durant laquelle la justice canadienne doit étudier la demande d’extradition vers les Etats-Unis. Fille du fondateur de Huawei, elle encourt plus de 30 ans de prison si elle est jugée devant un tribunal américain.

Otage de la guerre commerciale

Le Canada, soutenue par les Etats-Unis et plusieurs pays européens dont la France et l’Allemagne, a appelé à plusieurs reprises à la libération immédiate de MM. Kovrig et Spavor. La Chine, qui ne décolère après l’arrestation de Mme Meng, a fait part de son « opposition catégorique » à une telle éventualité.

Plusieurs observateurs estiment que le gouvernement canadien de Justin Trudeau se retrouve au cœur de cette crise diplomatique majeure un peu malgré lui, otage de la guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine depuis plusieurs mois.

Au cours de leur entretien de lundi, MM. Trump et Trudeau ont par ailleurs « discuté des prochaines étapes concernant les droits de douane imposés sur l’acier et l’aluminium » par Washington depuis juin 2018 et jugé « insultants » par Ottawa.