Alexandre Benalla, lors de son audition par la commission des lois du Sénat, le 19 septembre 2018. / BERTRAND GUAY / AFP

Après plusieurs semaines de controverses, Alexandre Benalla a finalement restitué ses deux passeports diplomatiques, mercredi 9 janvier, selon une source proche de l’enquête et le parquet de Paris.

Ils ont été restitués par son avocat à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) et ont ensuite été saisis par les policiers dans le cadre de l’enquête ouverte le 29 décembre pour « abus de confiance » ou encore « usage sans droit d’un document justificatif d’une qualité professionnelle ».

L’ex-chargé de mission de l’Elysée, également mis en examen pour « violences volontaires » après les manifestations du 1er-Mai, possédait deux passeports diplomatiques pendant sa mission auprès du président de la République – dont l’un, renouvelé le 24 mai, lui aurait notamment servi à se rendre au Tchad, au Cameroun et au Congo, en novembre et en décembre.

Après les révélations du Monde et de Mediapart, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait saisi le procureur de la République. Le Quai d’Orsay avait alors déclaré qu’il avait demandé par deux fois – en juillet et en septembre – la restitution des deux passeports diplomatiques délivrés à M. Benalla, en vain.

Usage « strictement privé »

« L’ensemble des déplacements effectués depuis son départ de la présidence de la République l’ont été à titre strictement privé, sans aucun lien avec l’Élysée », avait fait savoir Alexandre Benalla dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP) par son avocate Jacqueline Laffont début janvier. Selon lui, « l’utilisation d’un passeport diplomatique à ces occasions n’a en effet eu d’autre objet ou effet que d’accélérer les formalités d’embarquement à l’aéroport ».

Face à cet imbroglio, les députés de La France insoumise ont demandé la semaine dernière l’ouverture d’une commission d’enquête à ce sujet. « Les facilités obtenues par M. Alexandre Benalla auprès des services de la présidence pour récupérer ses passeports diplomatiques lui auraient permis de continuer à jouer un rôle de premier rang comme émissaire de la République », affirment les députés « insoumis ».

« Ce n’est plus l’affaire du comportement d’un seul homme comme le gouvernement a voulu le faire croire, mais bien un fonctionnement institutionnalisé, qui n’est pas acceptable dans une démocratie et remet en cause les propos tenus par l’ensemble des personnes auditionnées en juillet dernier. »

Mais la présidente de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (La République en marche), avait opposé mardi une fin de non-recevoir à une demande similaire des députés socialistes, estimant que « les dernières révélations relatives aux agissements de M. Benalla ne relèv[ent] pas du périmètre précis fixé en juillet ».