Un site de forage pétrolier dans le Bassin permien (ouest du Texas), en janvier 2016. / SPENCER PLATT / AFP

La paralysie budgétaire aux Etats-Unis n’entrave pas certaines priorités fixées par l’administration américaine. Depuis plus de deux semaines, 800 000 fonctionnaires fédéraux sont contraints soit de rester chez eux soit de devoir attendre la fin du blocage pour être payés. Au cœur du débat : le désaccord entre Donald Trump et les parlementaires démocrates sur le financement du « mur » que le locataire de la Maison Blanche veut construire à la frontière avec le Mexique.

Le « shutdown » bloque par exemple la certification de nouveaux médicaments ou complique l’organisation de la sécurité dans les aéroports, mais, comme le souligne l’agence Bloomberg, il n’empêche pas les autorités de continuer à distribuer des permis de forages pétroliers.

Ainsi, ces derniers jours, le ministère de l’intérieur a autorisé des opérations de ce type sur des terres fédérales et dans le golfe du Mexique. Il a également permis la poursuite des études pour le forage dans l’Arctic National Wildlife Refuge (ANWR), une aire protégée située dans le nord-est de l’Alaska. L’administration y a par exemple convoqué des réunions publiques afin d’évoquer la possibilité, pour des oléoducs, de traverser des zones particulièrement protégées.

D’autres opérations liées au secteur pétrolier ont toutefois dû être interrompues pour cause de blocage administratif, notamment celles liées au pipeline Keystone, qui relie les Etats-Unis au Canada en suivant un trajet controversé.

Pour certains contempteurs de la politique de Donald Trump, cette poursuite de l’activité dans le secteur pétrolier est « injuste ». « Pour l’industrie pétrolière, c’est “business as usual”, alors que tout le reste est arrêté », a dénoncé auprès de l’agence Bloomberg Matt Lee-Ashley, un ancien responsable du ministère de l’intérieur à l’époque de Barack Obama.

« Réduire le nombre de règles et baisser les taxes »

Lors d’un précédent blocage, M. Obama – alors président – avait d’ailleurs souligné qu’un « shutdown » trop long aurait des conséquences sur l’industrie pétrolière, « alors qu’elle préoccupe beaucoup les républicains », précisait-il.

« Pour l’instant, nous n’avons vu aucun impact major du “shutdown” sur notre secteur », a estimé, mardi 8 janvier, Mike Sommers, président de l’Institut américain du pétrole, l’association des professionnels du secteur. « Mais un “shutdown” trop long ne serait pas une bonne chose pour nous. Nous voulons être certains que les efforts qui sont faits pour mettre en place des réglementations intelligentes continuent », a ajouté M. Sommers.

Dès le début de sa présidence, Donald Trump a mis en cause de nombreuses réglementations environnementales adoptées sous les deux mandats de Barack Obama – une révolution menée avec le soutien actif de l’industrie pétrolière. « C’est notre vision des choses : nous voulons réduire le nombre de règles et baisser les taxes », expliquait récemment le secrétaire à l’énergie Rick Perry, ancien gouverneur de l’état pétrolier du Texas de 2000 à 2015.

Depuis quelques mois, grâce au développement spectaculaire du gaz et du pétrole de schiste, les Etats-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole, et ont commencé à exporter massivement leur production à travers le monde.