Donald Trump lors de son allocution à la nation depuis le bureau Ovale à Washington, le 8 janvier. / CARLOS BARRIA / AFP

Lors de sa première allocution à la nation depuis le bureau Ovale de la Maison Blanche, mardi 8 janvier, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a réclamé 5,7 milliards de dollars pour financer son mur à la frontière avec le Mexique.

Le républicain, qui a longtemps dénoncé l’immigration clandestine à la frontière, a choisi dans son discours de se focaliser sur des aspects « humanitaires », estimant que la situation critique est plus vaste et ne peut être résolue qu’avec l’établissement d’un mur le long de la frontière américano-mexicaine. « Notre frontière sud est la porte d’entrée de vastes quantités de drogue, dont méthamphétamine, héroïne, cocaïne et fentanyl », a ainsi décliné le 45e président des Etats-Unis.

Le locataire de la Maison Blanche a, au cours de son allocution, insisté sur la « crise humanitaire et sécuritaire grandissante » alors que le mur qu’il réclame de ses vœux est à l’origine depuis plus de deux semaines d’une paralysie partielle des administrations fédérales (« shutdown »).

Américains pris en « otages »

Donald Trump a rejeté une fois de plus la responsabilité du « shutdown » sur les démocrates, qui selon lui « refusent de financer la sécurité aux frontières ». Il a toutefois appelé l’opposition à le rencontrer à la Maison Blanche, arguant qu’il était « immoral » pour des « politiques de ne rien faire ».

Les démocrates, opposés au financement de ce mur qu’ils jugent « immoral », coûteux et inefficace, ont immédiatement dénoncé l’absence de main tendue du président. Leur cheffe de file à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui s’est exprimée dans la foulée de M. Trump, a estimé que ce dernier prenait les Américains « en otages » : « Voici les faits : le président Trump (…) doit cesser de créer de toutes pièces une crise » migratoire et humanitaire à la frontière « et doit rouvrir le gouvernement ».

S’appliquant à prendre un ton grave au cours de son intervention de neuf minutes, il n’a pas mentionné la possibilité de recourir à une mesure d’urgence exceptionnelle – le « National Emergencies Act » – qui lui aurait permis de contourner le Congrès et de s’appuyer sur l’armée pour construire l’édifice.

Depuis dix-huit jours, quelque 800 000 fonctionnaires fédéraux sont contraints soit à rester chez eux, soit à devoir attendre la fin du blocage pour être payés. Et le record du plus long « shutdown » de l’histoire pourrait bientôt tomber : 21 jours, entre fin 1995 et début 1996, sous la présidence de Bill Clinton.