Depuis mardi 8 janvier, des contre-cagnottes en soutien aux forces de l’ordre sont apparues en réaction à la cagnotte lancée en faveur de Christophe Dettinger, l’ex-boxeur soupçonné d’avoir agressé deux gendarmes samedi à Paris. Les cagnottes solidaires sur les plates-formes de financement participatif sont une autre chambre d’écho numérique à la bataille qui oppose partisans des « gilets jaunes » aux forces de l’ordre et à des personnalités politiques.

  • Cagnotte de soutien à Christophe Dettinger

Le succès de la cagnotte en faveur de Christophe Dettinger lancée lundi a choqué le gouvernement et une partie de la classe politique, qui l’ont vivement dénoncée. En moins de quarante-huit heures, des internautes favorables à l’ex-boxeur, déféré mercredi en vue d’une comparution immédiate, ont rassemblé plus de 117 000 euros, avant que la plateforme de dons en ligne Leetchi ne ferme la cagnotte mardi.

Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’action et des comptes publics, avait exprimé son « dégoût ». « Apparemment, ça rapporte de frapper un policier », s’était-il indigné.

De son côté, Marlène Schiappa est allée plus loin en exprimant le souhait de « savoir qui a donné à cette cagnotte », estimant qu’il s’agissait d’une « forme de complicité ». « Soutenir cela, c’est être complice de cet acte et c’est l’encourager », a conclu la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. En réaction à ces propos, une cagnotte Leetchi contre la secrétaire d’Etat, intitulée « Pour que Schiappa la ferme », est d’ailleurs apparue mercredi. Marlène Schiappa est également la cible de nombreuses insultes sur sa page Facebook. Son cabinet a fait savoir qu’elle porterait plainte systématiquement.

  • Contre-cagnottes de « soutien aux forces de l’ordre »

En réaction à la cagnotte de soutien à Christophe Dettinger, une cagnotte de « soutien aux forces de l’ordre » blessées depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », lancée par Renaud Muselier, président Les Républicains (LR) de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a récolté plus de 100 000 euros en quelques heures mardi. Toujours ouverte, ses dons atteignaient plus de 190 000 euros mercredi en fin d’après-midi.

« Quand on s’attaque à un policier, à un gendarme ou à un sapeur-pompier, c’est en réalité à la France que l’on s’attaque », estime Renaud Muselier. L’ex-premier adjoint au maire de Marseille veut soutenir les 1 050 policiers, gendarmes et pompiers blessés depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ». « Celles et ceux qui mettent leur vie en danger pour protéger la nôtre et faire respecter l’ordre républicain en France font face à un déferlement de violence et de haine absolument intolérable », ajoute-t-il.

« L’intégralité des fonds récoltés sera versée au comité d’entraide et d’action sociale des agents du ministère de l’intérieur (police, gendarmerie et pompiers) », a écrit ce responsable LR.

Bruno Pomart, un ancien policier d’élite du RAID et maire de Belflou (Aude), a lancé mardi une autre cagnotte en soutien aux forces de l’ordre, réagissant également à la collecte en faveur de Christophe Dettinger. Mercredi, en fin d’après-midi, la cagnotte sur la plate-forme Gofundme affichait des dons de plus de 22 000 euros, sur un objectif de 25 000 euros. Les fonds doivent abonder l’association Ifopp (association Indépendante des forces de l’ordre pour la protection et la prévention), fondée il y a un an par d’anciens membres du RAID pour apporter « un soutien juridictionnel, psychologique et financier » aux membres des forces de l’ordre en délicatesse avec la justice et leur administration, a expliqué à M. Pomart.

Cet ancien officier d’élite, devenu animateur associatif, a expliqué avoir « saisi l’occasion du bruit fait autour de la cagnotte » pour l’ex-boxeur, mais surtout avoir réagi « au contexte actuel de montée en violence qui devient très compliqué à gérer ». « Bien sûr, tout n’est pas défendable dans le comportement des policiers », mais « actuellement nous sommes mis en examen pour tout et rien », a relevé ce vétéran du RAID, qui a participé à l’assaut contre « Human Bomb » à la maternelle de Neuilly, en 1993, ou Action directe à Vitry-aux-Loges, en 1987. « Nombreux sont les citoyens choqués par les débordements et les violences faites aux forces de l’ordre par les “gilets jaunes” », se prévaut-il dans le texte de présentation de la cagnotte.

En fin d’après-midi mardi, on pouvait dénombrer une petite dizaine d’autres contre-cagnottes lancées pour soutenir les forces de l’ordre, qui n’obtenaient pas le même succès.

  • Cagnotte pour les manifestants blessés

Eric Drouet, l’une des figures du mouvement des « gilets jaunes », a lancé mercredi une cagnotte pour les manifestants blessés sur le site PayPal.

« Cagnotte officielle pour les blessés gilets jaunes de France !! Sont invitées à participer toutes les personnes qui disent soutenir la cause des “gilets jaunes” plus particulièrement les personnes médiatiques, cela prouverait leur sincérité !! », a écrit sur Facebook le chauffeur routier de 33 ans, pour présenter cette cagnotte créée sur la plateforme PayPal. Mercredi en fin d’après-midi, plus de 29 000 euros avaient été rassemblés.