A l’heure où la planète toute entière succombe aux affres de la pop latino et autre reggaetón, dans le registre de la musique latine traditionnelle, ce sont les musiciens cubains qui, désormais, tirent leur épingle du jeu. Le jazz et la salsa vous présente sa sélection des albums latin jazz, salsa et timba à retenir de 2018.

L’esprit de Benny Moré

Orquesta Akokán est le fruit de la collaboration entre le producteur-tresero Jacob Plasse (Los Hacheros), le pianiste Mike Eckroth et l’incroyable chanteur cubain José “Pepito” Gómez. Leur objectif : retrouver l’esprit des grands orchestres cubains des années 50. Pour cela, ils ont fait appel à la crème de la crème des musiciens de La Havane. Pari gagné, Akokán est la sensation de l’année.

Orquesta Akokán : Orquesta Akokán (Chulo/Daptone)

Número Uno

En 2009, le trompettiste Alexander Abreu lancait sa toute nouvelle formation, Havana D’Primera. Leur premier album, Haciendo Historia, réussit à séduire un large public de Cubains, danseurs de casino, salséros. Dix ans plus tard, Havana D’Primera est toujours numéro un, et renoue avec l’esprit des débuts.

Havana D’Primera : Cantor del Pueblo (Páfata Productions)

Maite à Cuba

Installée en Colombie depuis une dizaine d’années, la trompettiste hollandaise Maite Hontelé s’est construite une solide réputation à l’aide de collaborations bien senties : Oscar D’León, Alain Pérez, Herencia de Timbiqui. Dans son premier album cubain, elle explore avec bonheur tous les registres de la musique cubaine, de la plus traditionnelle (aux côtés de la Aragón !) à la timba en passant par la rumba .

Maite Hontelé : Cuba Linda (Merlín Studios Producciones)

L’archéologue et le musicologue

Le nouveau projet de David Virelles comporte deux volets. « Orquesta Luz de Oriente » célèbre les big bands des années 30 et la tradition de Santiago (danzón oriental, chepinsón, bolero, trova). Dans « Danzones de Romeu at Café La Diana », le pianiste nous livre son interprétation de l’œuvre du compositeur Antonio María Romeu. Un album essentiel.

David Virelles : Igbo Alakorin The Singer’s Grove Vol. I & II (Pi Recordings)

West Side Story réapproprié

2018 a vu la célébration du centenaire du compositeur Leonard Bernstein. Son œuvre emblématique, Wide Side Story, voit s’affronter aux Jets les Sharks, une bande de jeunes Portoricains. Le chef d’orchestre Bobby Sanabria écrit pour son big band Multiverse la version portoricaine de la célèbre comédie musicale. Edifiant.

Bobby Sanabria & Multiverse Big Band : West Side Story Reimagined (Jazzheads)

Chucho Valdés : Retour aux sources

En 1972, Chucho Valdés publiait un album d’anthologie basé sur un trio inédit : piano, basse, Batá, les tambours de la religion Yoruba. Jazz Batá 2 poursuit l’aventure avec Yelsy Heredia à la contrebasse, Yaroldy Abreu aux percussions et Dreiser Durruthy Bombalé aux Batá. 46 ans plus tard, la magie est toujours là.

Chucho Valdés : Jazz Batá 2 ( Mack Avenue)

Deux âmes sœurs

Ils étaient faits pour se rencontrer : Omar Sosa et Yilian Cañizares, le pianiste et la violoniste. « Aguas », le fruit quasi-mystique de cette union artistique de leur union musicale est un objet d’une infinie beauté.

Omar Sosa & Yilian Canizares : Aguas ( OTA Records)

De Todo Un Poco, et surtout beaucoup de tout

On a connu le chanteur Manolo Mairena aux côtés du pianiste Gonzalo Gruau et du bassiste Alex Alvear. Ils font bien entendu partie du projet. De Todo Un Poco balaie des rythmes aussi divers que la plena, le pilón, le changüi, la salsa, le merengue, le bolero, la descarga. Démonstratif et festif.

Manolo Mairena : De Todo un Poco (Manolo Mairena)

La timba « hard-core » made in Barcelone

En septembre dernier, ces extraterrestres ont enflammé le festival Toros y Salsa. Composé de musiciens barcelonais et de musiciens cubains, Compota de Manana révolutionne la timba cubaine à grand renfort de guitares et de percussions.

Compota de Manana : La Alternatimba (Compota de Manana)

Le monde de Brenda Navarrete

Les tambours Batá sont au cœur du premier album de la Cubaine Brenda Navarrete. On y retrouve, bien entendu de la rumba, mais également de la trova, de la timba, du jazz, du funk, de la pop et de la salsa. Un album ouvert au monde et revigorant.

Brenda Navarrete : Mi Mundo (Alma Records)

« Le jazz et la salsa » vous recommande également :

  • Formell y Los Van Van : Legado. Legado est le premier véritable album de Los Van Van composé après la disparition de son fondateur Juan Formell. Son fils, Samuel, mène à bon port El tren de la música cubana. [Egrem]

  • Rubén Blades & Jazz at Lincoln Center Orchestra : Una Noche Con Rubén Blades. Fin 2014, Wynton Marsalis invitait Rubén Blades à se produire avec le grand orchestre de Jazz at Lincoln Center. Le poète de salsa se la joue crooner et ça lui va bien. [Blue Engine Records

  • Ramón Valle Trio featuring Roy Hargrove : The Time Is Now. Le pianiste cubain, installé à Amsterdam, dynamite son jazz à coup de Fender et de vodocoder. L’occasion de retrouver le regretté Roy Hargrove dans une de ses toutes dernières prestations. [IN+OUT Records]

  • Eddie Palmieri : Mi Luz Mayor. Après Sabiduría, savoureux disque de latin-jazz paru en 2018, et Full Circle dans lequel le dernier des géants reprenait ses plus grands succès salsa, Eddie Palmieri, 82 ans, rend un dernier hommage à son épouse disparue. [Ropeadope]

  • Adalberto Álvarez Y Su son : De Cuba Pa’l Mundo Entero. « De Cuba pour le monde entier » pourrait être un bon résumé de la carrière du plus salséro des Cubains. Le gentleman du son se prette au jeu, reprend un titre pop d’Enrique Iglesias, et ça marche ! [Bis Music]

  • Grupo Magnético : Positivo. Dirigé par Toby Shippey, Grupo Magnetico est en quelque sorte la partie salsa du célèbre Salsa Celtica. Leur crédo ? La salsa brava des années 70. Ils ont l’énergie positive et la volonté de faire sortir la salsa du musée. [Athens Of The North]

  • Dj Ricky Campanelli : Alma de Rumbero. Faire danser, c’est son métier. Le DJ canadien s’est entouré de pointures, Jimmy Bosch, Frankie Vásquez, Edwin Bonilla et Jesús “El Niño” Alejandro pour une salsa dura redoutable d’efficacité. [Auto-production]

  • Harold López-Nussa : Un Día Cualquiera. Il a pensé cet album comme un enregistrement entre copains. Mais voilà, Harold López-Nussa est un des pianistes les plus doués de sa génération. Particulièrement inspiré, il nous livre un petit bijou de jazz cubain. [Mack Avenue Records]

  • Setenta : We Latin Like That. Tout simplement le meilleur groupe de latin soul du monde. Pour son sens de la mélodie. Pour cette signature funky unique qui prend sur scène toute sa dimension. [Latin Big Note]

  • Avenida B : Salsa No Parara. Avant Akokán, Avenida B était avec Los Hacheros l’un des groupes les plus enthousiasmants nés à New-York ces dernières années. David Frenkel, l’héritier de la salsa des années 70 et Jacob Plasse, le stakhanoviste du son, étaient faits pour se rencontrer. Vibrant d’authenticité. [Chulo Records]

A noter que l’ordre d’apparition dans cette sélection ne correspond en aucun cas à un classement.