Les Unités de protection du peuple (YPG) sont en effet les partenaires de Washington sur le terrain dans la lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI), mais Ankara les considère comme « terroristes » en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). / AP

Mevlut Cavusoglu, le chef de la diplomatie turque, a lancé un avertissement sans frais à Washington et aux Unités de protection du peuple (ou YPG, pour Yekîneyên Parastina Gel, milices kurdes).

« Si [le retrait] est retardé avec des excuses ridicules qui ne reflètent pas la réalité, du genre “les Turcs vont massacrer les Kurdes”, alors nous mettrons à exécution notre décision » de lancer une opération dans le nord de la Syrie, a déclaré le ministre lors d’une interview à la chaîne NTV.

Il faisait allusion à des déclarations de son homologue états-unien, Mike Pompeo, qui avait affirmé le 3 janvier que Washington voulait s’assurer que « les Turcs ne massacrent pas les Kurdes » en Syrie après le retrait des Etats-Unis. Le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, John Bolton, venu à Ankara mardi pour discuter du retrait américain de Syrie, a été tancé par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour avoir défendu Les Unités de protection du peuple.

Flou des annonces américaines

Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a annoncé en décembre le retrait des quelque 2 000 soldats américains postés en Syrie, prenant de court les alliés de Washington, des milices kurdes sur le terrain aux autres membres de la coalition internationale antidjihadiste.

L’annonce surprise du retrait états-unien et le flou qui entoure ses modalités et son calendrier ont poussé la Turquie à surseoir à une offensive qu’elle semblait sur le point de déclencher à la mi-décembre dans le nord de la Syrie contre les milices kurdes YPG.

Ces milices sont au cœur de profonds désaccords entre la Turquie et les Etats-Unis. Les YPG sont en effet les partenaires de Washington sur le terrain dans la lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI), mais Ankara les considère comme « terroristes » en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui livre une guérilla sanglante sur le territoire turc depuis 1984.

La Turquie s’est engagée à éradiquer ce qui reste de l’EI en Syrie après le retrait des Etats-Unis, mais des experts doutent de sa capacité à mener ce combat sans la pleine coopération de la Russie, alliée du régime syrien et actrice-clé du conflit.

Accord de trêve avec des groupes rebelles dans la province d’Idlib

En Syrie, les djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTS, qui signifie « Organisation de libération du Levant »), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaida, ont conclu un accord de trêve avec des groupes rebelles leur permettant de prendre le contrôle total de la province d’Idlib, a rapporté ce groupe sur son site de propagande.

L’accord conclu met fin à plusieurs jours d’affrontements meurtriers entre les HTS et des rebelles, regroupés notamment au sein du Front national de libération (FNL), coalition appuyée par la Turquie.

Située dans le nord-ouest de la Syrie en guerre, la province d’Idlib ainsi que des pans des provinces voisines d’Alep, de Hama et de Lattaquié échappent toujours au contrôle du régime de Bachar Al-Assad et abritent une myriade de groupes rebelles et djihadistes.

La guerre en Syrie a éclaté en 2011 à la suite de la répression par le régime de manifestations en faveur de la démocratie. Elle s’est complexifiée au fil des ans avec l’implication de groupes djihadistes et de puissances étrangères. Le conflit a fait plus de 360 000 morts.