Greta Thunberg, devant le Parlement suédois, le 30 novembre 2018. / HANNA FRANZEN / AFP / TT News Agency

En quelques mois, Greta Thunberg, 16 ans, est devenue la voix et le visage d’une génération qui enrage contre l’inaction des adultes face à la crise climatique. Elle a commencé sa grève scolaire pour le climat, seule, devant le Parlement suédois, fin août 2018, quelques semaines avant les législatives dans son pays, et a été ensuite imitée dans de nombreux pays.

Depuis, le magazine américain Time l’a désignée parmi des 25 adolescents les plus influents de la planète et des millions d’internautes ont visionné la conférence TEDx qu’elle a donnée mi-décembre à Stockholm, après avoir pris la parole, en séance plénière de la COP24 à Katowice en Pologne, dans un discours sobre et cinglant adressé aux représentants du monde entier.

Il n’en fallait pas plus pour susciter l’agacement des trolls, sites d’extrême droite et climatosceptiques en tout genre qui, en Suède, en ont fait leur nouvelle cible favorite sur les réseaux sociaux et dans les médias. Au point que sa mère, la chanteuse d’opéra Malena Ernman, a fini par publier un long message, sur Facebook, le 7 janvier, où elle démonte une par une les contrevérités et théories conspirationnistes visant sa fille.

La mezzo-soprano – représentante de son pays à l’Eurovision en 2009 – a pourtant l’habitude de ce genre de déchaînement, avec ses prises de positions engagées : avocate d’une « politique humaine » de l’asile et de l’immigration dans un pays qui a durci sa législation et fermé ses frontières, elle est active dans la lutte contre le réchauffement climatique, et pourfendeuse infatigable de l’extrême droite en Suède.

Diagnostiquée Asperger

La plupart des attaques contre sa fille visent d’ailleurs la mère, accusée de manipuler l’adolescente et de se faire de la publicité sur son dos. Malena Ernman n’a-t-elle pas publié un livre, avec son conjoint, quelques jours à peine avant le début de la grève de Greta ? Une photo de la jeune fille, devant le Parlement suédois, figure même en couverture de l’édition de poche, publiée en décembre 2018.

Sauf qu’au mois d’août, personne n’aurait pu anticiper la médiatisation et l’impact de son action. La chanteuse lyrique rappelle en outre que tous les bénéfices tirés de la vente du livre sont reversés à des ONG œuvrant « pour le climat, les droits des animaux et des enfants aux besoins particuliers » – Greta Thunberg a été diagnostiquée autiste Asperger à onze ans.

Autre grief : l’adolescente ne serait qu’un pantin aux mains d’une équipe de communicants. Faux, s’insurge la mère. Si l’idée de la grève scolaire – sur le modèle de la révolte des lycéens américains contre les armes à feu – lui a bien été suggérée par un militant écologiste, la collégienne a agi seule, et contre l’avis de ses parents, affirme Malena Ernman : « Nous l’avons découragée et lui avons dit que nous ne pourrions la soutenir car nous devons faire en sorte qu’elle aille à l’école. »

Ce sont bien eux, cependant, qui financent ses déplacements à l’étranger, pas des sponsors. Ils ont lieu avec la voiture électrique familiale, pendant les vacances ou en accord avec son école uniquement. Pour Greta Thunberg, les réactions sont la preuve de la « méconnaissance de la crise climatique ». Chaque vendredi, elle continue donc de faire l’école buissonnière, pour s’asseoir devant le Parlement à Stockholm et exiger une action des politiques.

« Nous sommes à court d’excuses » : le puissant discours d’une jeune écologiste suédoise à la COP24
Durée : 01:41