Tintin va souffler quatre-vingt-dix bougies cette année. / Moulinsart

Nick Rodwell, le patron de Moulinsart SA, la société de droit belge chargée de l’exploitation commerciale de l’œuvre d’Hergé, s’est cassé la jambe en tombant d’une échelle, dans une forme d’hommage au capitaine Haddock, lequel se retrouve immobilisé par un plâtre en raison d’une marche d’escalier défectueuse dans Les Bijoux de la Castafiore. Immobilisé, l’époux britannique de Fanny Vlamynck, la deuxième femme et veuve d’Hergé, n’a pu assister à la conférence de présentation du 90e anniversaire de Tintin, jeudi 10 janvier à Bruxelles.

Les festivités n’en ont pas moins été lancées à l’hôtel de ville de la capitale belge, non loin de là où tout a commencé, un 10 janvier 1929, dans les pages du XXe Siècle, dirigé par l’abbé Norbert Wallez, où le reporter et son fidèle Milou partaient enquêter au « pays des Soviets ».

La principale annonce faite par Moulinsart concerne la nouvelle colorisation de Tintin au Congo, deuxième volume de la série, publié pour la première fois en 1931. Alors que l’histoire a été colorisée dès 1946, c’est bien cette version originelle, en noir et blanc, qui a été choisie par Moulinsart, dans la foulée de la colorisation de Tintin au pays des Soviets, proposée en janvier 2017 en coédition avec l’éditeur historique de la série, Casterman.

« Caractère raciste »

La maison d’édition franco-belge n’a pas souhaité s’associer à Moulinsart, cette fois-ci, craignant que soient ravivées les nombreuses controverses qui accompagnent régulièrement Tintin au Congo. L’album a été l’objet, en effet, de plusieurs recours en justice en raison de son caractère raciste et de son contenu idéologique, très en phase avec l’époque de la colonisation.

Casterman aurait souhaité qu’un « appareil critique », sous la forme d’un dossier figurant à l’intérieur de l’album, accompagne une édition papier de ce Tintin au Congo remanié. Cette nouvelle version – mise en couleur par le responsable des Studios Hergé, Michel Bareau, un ancien directeur artistique de Casterman – ne sera donc publiée que numériquement, Moulinsart ayant conservé la mainmise sur la commercialisation digitale de Tintin. Disponible en trois langues (anglais, français, néerlandais), elle sera disponible dans l’application « Les Aventures de Tintin », sur l’AppStore et Google Play Store.

Plusieurs expositions devraient célébrer, par ailleurs, le 90e anniversaire du héros à la houppe au cours de l’année 2019, à Barcelone, Lisbonne ou encore Séoul. L’arlésienne d’un deuxième film, réalisé par Peter Jackson, qui coproduisit Le Secret de la licorne, mis en scène par Steven Spielberg en 2011, est également réapparue. Benoît Mouchart, le directeur éditorial bande dessinée de Casterman, a expliqué jeudi qu’une « option » avait été signée à la fin de 2018 par le duo américano-néo-zélandais. Le deuxième volet pourrait être une adaptation du diptyque Les Sept Boules de cristal et Le Temple du soleil, d’après Moulinsart qui espère une sortie en salles en 2022.

A noter que deux autres personnages iconiques de la bande dessinée fêteront un anniversaire décennal en 2019 : Batman (80 ans) et Astérix (60 ans). Le premier aura droit à une grande exposition au prochain Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (24 au 27 janvier). Le second connaîtra une nouvelle aventure, en octobre, sous la plume de ses repreneurs, Jean-Yves Ferri (scénario) et Didier Conrad (dessin), nés tous les deux en 1959, comme le célèbre Gaulois.