Voici qui laisse présager un début d’année bien sombre pour les salariés espagnols de Vodafone. La filiale hispanique du groupe de télécommunications britannique a dévoilé jeudi 10 janvier un vaste plan de suppression d’emplois.

Ce dernier concernera jusqu’à près du quart des effectifs de l’opérateur dans le pays, qui, selon son dernier rapport annuel, y compte 5 104 employés. « La procédure de licenciement collectif affectera un maximum de 1 200 personnes », a ainsi précisé le groupe.

L’opérateur, qui évoque des « raisons économiques, productives et d’organisation », justifie cette décision par la pression croissante qu’il subit sur le marché espagnol, notamment face à des concurrents très offensifs sur les prix.

« Position de faiblesse »

« Cela fait déjà plusieurs trimestres que Vodafone est en position de faiblesse et perd des parts de marché face à Orange et Telefonica, ses deux principaux rivaux dans le pays », explique Dexter Thillien, analyste chez BMI Research, qui estime que l’opérateur a également manqué de clairvoyance dans sa stratégie.

« Le groupe a fait le choix de renoncer à des droits sur la diffusion de football. Il s’agit pourtant d’un contenu important pour les consommateurs dans le pays, et sur lequel Orange et Telefonica sont tous les deux présents. Cela a certainement contribué à le rendre moins attractif. »

En Espagne, où il compte 14,1 millions de clients dans la téléphonie mobile et 3,3 millions de clients dans le haut débit fixe, Vodafone a vu son chiffre d’affaires baisser à cause de la chute des prix. Près de la moitié des abonnements dans le pays sont « associés à des offres à bas coût ou à coût moyen », a fait valoir la filiale, ajoutant que cette situation a conduit à « une baisse des revenus et de l’Ebitda (excédent brut d’exploitation) au premier semestre de l’exercice en cours ».

Le marché espagnol n’est pas le seul sur lequel l’opérateur souffre. En Italie, il doit affronter l’arrivée récente d’un quatrième opérateur de réseau mobile, Free (dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire à titre personnel du Monde), qui a intensifié la concurrence sur ce marché en captant, en l’espace de quelques mois, plus de 2,23 millions d’abonnés.

Faire des économies

Le groupe Vodafone avait déjà alerté sur ses difficultés en novembre à l’occasion de la publication de ses derniers résultats financiers, faisant état d’une perte de 8 milliards d’euros au premier semestre 2018, notamment liée à la cession de ses activités en Inde. L’opérateur britannique en avait profité pour annoncer vouloir réduire ses dépenses en Europe de 1,2 milliard d’euros d’ici à 2021, en réalisant des économies de 400 millions d’euros dès 2019. « Les opérateurs se préparent également à acheter des fréquences pour la 5G cette année. Cela représente une dépense non négligeable et les acteurs du marché essaient d’anticiper en rationalisant leurs coûts », rappelle M. Thillien.

Vodafone n’a pour l’instant pas précisé quels seraient les postes concernés par ces suppressions. Le groupe entamera des négociations avec les syndicats à propos de ce plan social fin janvier ; la période de consultation devrait durer un mois.

Le secteur des télécoms semble quelque peu éprouvé en Europe. En mai dernier, l’opérateur britannique BT avait annoncé la disparition de 13 000 emplois administratifs et d’encadrement. Et, la veille de l’annonce de Vodafone, c’est l’opérateur Proximus, en Belgique, qui révélait prévoir des suppressions de postes. L’ancien monopole belge des télécommunications, dont l’Etat est l’actionnaire principal, envisage de se séparer de 1 900 salariés au cours des trois prochaines années dans le cadre d’un plan de transformation visant à « évoluer d’une entreprise de télécommunications à un fournisseur de services digitaux ». Là encore, l’opérateur invoque des conditions de marché difficiles. Ces suppressions de postes seront toutefois partiellement compensées par le recrutement de 1 250 personnes spécialisées dans le numérique.