Jean-Claude Romand lors de son procès, le 25 juin 1996. / PHILIPPE DESMAZES / AFP

Après vingt-cinq ans passés derrière les barreaux, Jean-Claude Romand devra encore attendre. La décision concernant sa possible libération conditionnelle a été soumise à une nouvelle audience fixée au 31 janvier, a annoncé vendredi 11 janvier le parquet de Châteauroux, dans un communiqué.

L’homme, qui menait une double vie, avait tué cinq personnes de sa famille en 1993. Le tribunal de l’application des peines de Châteauroux a ordonné « la réouverture des débats », car « de nouvelles pièces, de nature à influer sur la décision du tribunal, ont été communiquées à ce dernier par les services de l’administration pénitentiaire », a précisé la procureure de la République de Châteauroux, Stéphanie Aouine.

« C’est une raison d’ordre technique qui a conduit le tribunal à ordonner un renvoi », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Me Jean-Louis Abad, conseil de Romand.

Une vie de mensonges

Durant dix-huit ans, Jean-Claude Romand s’était construit une vie de médecin, chercheur à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève, qui connaissait Bernard Kouchner et participait à des séminaires et à des congrès internationaux.

Il passait en réalité ses journées dans sa voiture, à la cafétéria ou à la bibliothèque. Ses lectures lui permettaient d’approfondir ses connaissances médicales. Il faisait vivre son ménage en escroquant parents et amis, prétendant placer leurs économies en Suisse pour les faire fructifier. Se sentant traqué, en janvier 1993, il tue sa femme, ses deux enfants, et tente de mettre fin à ses jours.

Fils unique et bon élève, Jean-Claude Romand intègre en 1971, à 17 ans, une classe de mathématiques supérieures dans un lycée réputé de Lyon, pour préparer l’Ecole nationale des eaux et forêts, mais abandonne au premier trimestre. « C’est mon premier échec », dira-t-il à son procès, en juin 1996.

Ne pouvant avouer son renoncement à son père, gestionnaire de domaines forestiers, il invoque des raisons de santé. Il s’inscrit ensuite en médecine, « peut-être » pour se rapprocher de Florence, une cousine par alliance, qui fait une formation de pharmacienne. Elle deviendra sa femme.

Il rate de quelques points son examen de fin de deuxième année, mais affirme à ses proches l’avoir réussi. Dix ans durant, jusqu’en 1986, il s’inscrira en deuxième année à la faculté de médecine de Lyon, tout en suivant les cours des années suivantes. L’« imposture » a commencé là, dira-t-il devant la cour d’assises de l’Ain, parlant de « peur de l’échec » et de « l’injustice » des diplômes.

Jean-Claude Romand a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de vingt-deux ans, le 2 juillet 1996. Un écrivain, Emmanuel Carrère (L’Adversaire, « Folio », Gallimard) et deux réalisateurs, Laurent Cantet (L’Emploi du temps) et Nicole Garcia (L’Adversaire), se sont penchés sur son cas, pour comprendre.