Ségolène Royal ne sera donc pas candidate aux élections européennes du 26 mai. L’ancienne ministre de l’environnement, qui avait envisagé de se présenter, a annoncé vendredi 11 janvier, qu’elle renonçait à présenter une liste. « Les conditions [du rassemblement] ne sont pas remplies », a-t-elle déclaré sur France Inter. Aussi, « je reprends ma liberté de ne pas être candidate (…), mais je reste dans le jeu des européennes ».

Avant les vacances de Noël, Ségolène Royal avait publiquement proposé d’être deuxième sur une liste menée par Yannick Jadot. Une façon de mettre au pied du mur l’écologiste qui ne cesse de clamer que l’alliance de la gauche n’est pas son sujet. La réponse n’a pas tardé. La tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts a dit refuser « les magouilles » et a accusé Mme Royal de ne voir l’écologie que comme une « mode ».

La virulence du propos et la rapidité de la fin de non-recevoir – vingt-quatre heures à peine après la proposition émise – ont fortement déplu à Mme Royal. « On peut refuser une offre de rassemblement sans insulter ni mentir », avait-elle réagi. Pour autant, son entourage et elle ont continué ces derniers jours de persuader chacun de réfléchir au rassemblement. Il faut créer « un arc politique avec des écologistes, des socialistes, des humanistes et des personnalités d’ONG et d’associations, qui partagent des valeurs et un chemin », expliquait un de ses proches il y a quelques jours. « Il faut être au rendez-vous de l’histoire avec un grand H », commentait récemment le député François-Michel Lambert, ex-EELV, et ex-membre du groupe La République en marche de l’Assemblée, jugeant la place de Mme Royal « incontournable ». Mais la tentative a échoué.

« Une faute grave »

Ceux qui n’ont pas souhaité l’union « auront des comptes à rendre », a lancé l’ancienne ministre vendredi matin, sans nommer qui elle visait. « Si au lendemain des élections, nous avons un chaos au Parlement européen, une forte montée en puissance des nationalistes parce qu’il n’y aura pas eu d’offre politique enthousiasmante, crédible, ce sera de la responsabilité de ceux qui ont fait passer l’esprit d’appareil politique et les ego avant le rassemblement au service d’un idéal et d’une cause. Je considère que ce choix politique est une faute grave. »

Le désistement de Mme Royal est le énième rebondissement du feuilleton du rassemblement impossible de la gauche, qui semble bien décidée à partir divisée comme jamais aux européennes. Le Parti socialiste prône depuis des semaines la constitution d’une liste d’union, mais il est le seul. Le Parti communiste a déjà rejeté l’idée d’une liste commune. Et en début de semaine encore, Benoît Hamon, candidat avec son mouvement Génération.s, a fermé la porte à tout rapprochement avec le PS.

Mme Royal, elle, a toujours répété qu’elle ne serait pas la candidate du PS et ne pourrait mener une liste que si cette dernière est élargie aux écologistes et à la société civile. Dans ces conditions, le mouvement Place publique du philosophe Raphaël Glucksmann, également partisan de l’union de la gauche, a peu d’espoir de réunir les partenaires autour d’une table, comme il l’avait fait lors du réunion le 20 décembre.

Le PS est le principal perdant du choix de Mme Royal de ne pas se présenter. Sans partenaire, le parti au poing à la rose va probablement devoir monter sa propre liste. Or il ne dispose d’aucune figure nationale capable de pousser une telle liste au-delà des 3 % à 7 % que lui accordent les sondages. « Notre tétanie, c’est que Ségolène Royal n’y aille pas, expliquait un cadre du PS en décembre. Non seulement, elle a une crédibilité sur les questions européennes et celles liées à la transition écologique, mais elle a aussi un fort impact média. »