• Antonio Vivaldi
    Il Giustino

    Delphine Galou, Silke Gäng, Veronica Cangemi, Emöke Barath, Emiliano Gonzalez Toro, Alessandro Giangrande, Arianna Vendittelli, Accademia Bizantina, Ottavio Dantone (direction)

Pochette de l’album « Il Giustino », opéra d’Antonio Vivaldi. / NAÏVE / BELIEVE

Ce cinquante-septième opus et dix-huitième opéra gravé par la « Vivaldi Edition », après deux ans d’interruption, a tout pour faire date. Il se mesure, il est vrai, à une courte discographie – la version « digest » d’Alan Curtis chez Virgin, et l’intégrale mal fagotée d’Estevan Velardi (Bongiovanni), toutes deux parues au XXe siècle. Ottavio Dantone et son Accademia Bizantina jouent donc sur du velours au propre comme au figuré, ce qui n’empêche pas le chef italien de soutenir batailles héroïques et querelles d’amoureux, voire d’appuyer la dramaturgie en contribuant à l’écriture vivaldienne par des rajouts de son cru. Au firmament d’une distribution sans faille, le beau Giustino de Delphine Galou et la magnifique Arianna d’Emöke Barath. Marie-Aude Roux

3 CD Naïve/Believe.

  • Lini Gong et Mariana Popova
    Spectrum

    Lini Gong (soprano) et Mariana Popova (piano)

Pochette de l’album « Spectrum », de Lini Gong et Mariana Popova. / SOLO MUSICA / DOM-FORLANE

Commencer un récital de mélodies par une pièce qui requiert un piano préparé (au sens de John Cage), voilà qui n’est pas banal ! L’œuvre est signée Paul Dessau (sur un poème de Bertolt Brecht) et elle se situe dans un no man’s land musical qui intrigue tout autant que le morceau suivant, composé par Ilse Fromm-Michaels (musicienne à la longévité – 98 ans – inversement proportionnelle à la notoriété). Le lien entre L’Aigle de Dessau et Le Hanneton d’Ilse-Fromm Michaels ? Hambourg, ville natale de l’un comme de l’autre et fil rouge (tous les compositeurs y ont résidé) d’un programme qui porte bien son nom de Spectrum. Les 26 miniatures judicieusement mises en perspective par la pianiste Mariana Popova déterminent, en effet, un spectre – vocal et esthétique – extrêmement large. La musique contemporaine (de Rolf Liebermann à György Ligeti) vaut à la soprano Lini Gong des prestations de haut vol, mais le XIXe siècle (Felix Mendelssohn et sa sœur Fanny, Brahms, Mahler) lui inspire aussi des expressions intenses, voire déchirantes. Pierre Gervasoni

1 CD Solo Musica/DOM-Forlane.

  • The Drops
    Hard ! Pop 
    !

Pochette de l’album « Hard ! Pop ! », de The Drops. / THE DROPS MUSIC / TUNE CORE

Une pochette en collage d’illustrations pop art de Roy Lichtenstein, et un nom de groupe qui relève plutôt de ceux que prennent les gens du rock… Voici deux fausses pistes pour l’album Hard ! Pop ! de The Drops. Car le saxophoniste Christophe Panzani, le guitariste Federico Casagrande et le batteur Gautier Garrigue proposent une musique plus proche du jazz, par les grilles harmoniques, les constructions rythmiques, que de la pop – même si la seule reprise de l’album, Message In A Bottle, de Police, est clairement dans cette référence. Pas le jazz classique, mais celui qui peut s’entendre comme un mélange entre l’aspect déferlement du jazz-rock des années 1970, les entrelacs rythmiques de Steve Coleman, sur des formules répétitives complexes, et un fond jungle/drum’n’bass (donc ici sans basse) des années 1990. Tout cela interprété brillamment, avec une énergie et surtout un sens du jeu collectif. Sylvain Siclier

1 CD The Drops Music/Tune Core.

  • Mystical Faya
    Chill Sessions

Pochette de l’album « Chill Sessions », de Mystical Faya. / KHANTI RECORDS / PIAS

Le nom de l’album de ce groupe de reggae français, apparu en 2007 à Pontarlier (capitale de l’absinthe, en région Bourgogne-Franche-Comté), annonce la couleur : ambiance cool et tranquille, nonchalance et détente maximale (to chill signifie justement « se détendre »). Entre reggae lascif et soul rêveuse, c’est une relecture ralentie et minimaliste de ses propres compositions (essentiellement choisies dans ses deux premiers albums) que propose Mystical Faya. Clavier et guitare fluides mettent en valeur la douceur des harmonies vocales, la voix claire et alanguie du chanteur. Des invités viennent se joindre à cette recréation de bon goût, pour semer un envol de flûte traversière (Marie Marsigny pour Let Love Grow) ou quelques phrases de piano d’humeur romantique (Thibaud Saby sur Let Go). Délicat et vecteur de bonnes vibrations. Patrick Labesse

1 CD Khanti Records/PIAS.

  • DJ Arafat
    Renaissance

Pochette de l’album « Renaissance », de DJ Arafat. / POLYDOR / UNIVERSAL AFRIQUE

DJ Arafat est une véritable star en Afrique de l’Ouest. Ce DJ ivoirien est le roi du coupé-décalé, musique et danse d’ambiance nées dans les boîtes d’Abidjan, sur les cendres du zouglou, véritable prise de parole des étudiants sur des rythmes traditionnels. Arafat l’a modernisé en le mêlant au trap américain, au rap français, en y injectant ses invectives de DJ et en le vidant de sa portée sociale ou politique. De son vrai nom, Ange Didier Houon, ce « Zeus d’Afrique », un de ses multiples surnoms, est une telle icône dans son pays que même le ministre de l’intérieur déclare qu’il est son fils spirituel. Renaissance, uniquement sorti en digital, son dixième album studio en quinze ans, est une sorte de condensé des rythmiques qui traversent son mouvement musical : guitare mandingue pour Hommage à Jonathan avec la star française, Maître Gims ; baile funk brésilien sur Ventripotent avec le rappeur français Naza ou synthé électro pour Qui est Khôrô ? avec le roi du trap hexagonal, Niska. Le tout donne une bonne grosse bouillie sonore, à laquelle il est bien difficile de résister en discothèque. Stéphanie Binet

1CD Polydor/Universal Afrique.