L’équipe de France, ici Timothey N'Guessan au tir, a peiné à se défaire de rugueux Brésiliens. / TOBIAS SCHWARZ / AFP

« Ce qu’il faut retenir c’est que ce sera difficile. » Vincent Gérard ne manque pas de cordes à son arc. Outre d’indubitables qualités de gardien de handball, dont il a fait étal vendredi 11 janvier lors de l’ardue entrée en lice de la France au Mondial 2019 face au Brésil, le portier de l’équipe de France maîtrise à la perfection l’art de la synthèse. Difficile, la rencontre contre les Brésiliens l’a été. Double tenante du titre, l’équipe de France de handball a peiné à prendre le meilleur sur les Sud-Américains, s’en remettant aux exploits de leur portier pour l’emporter d’une courte tête (24-22).

Opposés à « une équipe atypique, proposant une défense un peu à l’espagnole », ainsi que l’a analysé Valentin Porte au micro de BeIN Sports après la rencontre, les Bleus, « pas tout à fait rodés » ont multiplié les imprécisions mais « évité le pire ». Quatorze pertes de balles sont venues sanctionner les passes mal assurées des coéquipiers de Kentin Mahé, aligné d’entrée au poste de demi-centre. Celui d’ordinaire réservé à Nikola Karabatic, maestro dont l’équipe de France était privée pour la première fois depuis 2003 en compétition officielle.

« On a vécu une entame compliquée », a reconnu le joueur de Flensburg-Handewitt. Une formule pouvant s’appliquer à la rencontre comme à la compétition. En dépit d’une ressemblance indéniable de l’entraîneur espagnol du Brésil avec Jean Reno, les spectateurs de l’arena de Berlin n’ont pas eu droit à de grands Bleus.

Les Bleus creusent l’écart, puis cessent de jouer

Opposés à des Brésiliens semblant décidés à effacer la rouste du Mondial 2017 (31-16), la France a longtemps laissé son adversaire faire la course en tête, tout en le maintenant à portée de tir. Menés par un Jose Toledo en feu (sept buts), les Brésiliens ont réalisé une meilleure entame que les Français. Mais en fin de première période, ces derniers prenaient l’avantage pour la première fois de la partie, avant de se détacher (16-13 à la pause).

En l’absence de Nikola Karabatic pour fixer les défenses et les attirer à lui, le jeu des Bleus a été tel que l’on attendait. Moins mis sur orbite qu’en présence de l’étoile parisienne, les arrières ont plus fait tourner la balle jusqu’aux ailes. Et Michaël Guigou en a profité. Auteur de six buts (sur autant de tirs dans le jeu, son unique raté étant sur jet de sept mètres), le vétéran de l’équipe (36 ans) a signé une entrée en compétition remarquée.

« En fin de première période, on arrive à faire un petit trou, et on voulait continuer comme ça. Mais il y a eu beaucoup d’imprécisions, de pertes de balles, et on les a remis tous seuls dans le match », a regretté Valentin Porte. Après avoir parfaitement négocié une double infériorité numérique – grâce à un Vincent Gérard érigé en nouveau mur de Berlin – en entame de seconde période et avoir pris six buts d’avance, les Bleus ont comme cessé de jouer. « On s’est relâchés, je pense inconsciemment, a constaté le portier français. On s’est mis à rater des tirs, on s’est pris des montées de balles, on nous a un peu moins rendu les ballons et dans l’euphorie de la rencontre, ils sont revenus à égalité. »

Le sang-froid de Vincent Gérard

Alors que les rugueux défenseurs brésiliens sortent les sécateurs, la France prend quatre buts d’affilée provoquant la colère du banc bleu. Dans une salle ayant rapidement fait le choix de soutenir le « petit » – ou l’adversaire le moins dangereux pour l’hôte allemand –, les coéquipiers de Dika Mem, auteur de six buts, passent plus de onze minutes sans inscrire le moindre but. Et peuvent remercier leur gardien pour les avoir maintenus à flot.

« On a pu s’appuyer un Vincent Gérard très brillant. On a évacué ce fameux stress de début de compétition, a commenté le sélectionneur Didier Dinart. C’est une victoire poussive, mais il vaut mieux faire un mauvais match et l’emporter que faire une bonne prestation et perdre. »

La fin de la rencontre s’est jouée au sang-froid. Celui qui a manqué aux Brésiliens, tutoyant presque l’un des meilleurs résultats de leur histoire. A moins de trois minutes de la fin, l’ailier Borges ratait l’occasion de revenir à un but d’écart, retombant en zone à la réception d’un magnifique kung-fu avant de tirer. Ce sang-froid dont a fait preuve Vincent Gérard à trente secondes du terme, osant une interception au milieu du terrain lors d’une contre-attaque brésilienne pour maintenir le mince pécule de deux buts d’écart. Et éviter aux siens une déconvenue en ouverture.

Avant d’envisager réaliser leurs objectifs – la qualification olympique, un inédit troisième titre mondial d’affilée – les Français ont une longue route à parcourir. Neuf matchs, encore, les séparent de la finale, dimanche 27 janvier à Herning (Danemark). Et dès samedi, la Serbie se dresse sur le chemin des Bleus. Un adversaire d’un tout autre calibre. « Ça va être costaud aussi », avertit Valentin Porte, quand son entraîneur espère que cette entrée en matière se muera en « une piqûre de rappel peut-être nécessaire. » Comme le dit Vincent Gérard : dans ce Mondial, « ce qu’il faut retenir, c’est que ce sera difficile ».

Prochain match : France - Serbie, samedi 12 janvier, à 20 h 30, sur BeIN Sports 3