Panos Kammenos a annoncé sa démission dimanche à Athènes. / Yorgos Karahalis / AP

Le ministre grec de la défense, Panos Kammenos, a démissionné dimanche 13 janvier pour protester contre l’accord qui a mis fin au contentieux entre la Grèce et la Macédoine à propos du nom de l’ancienne république de la Fédération yougoslave. Le Parlement macédonien a ratifié vendredi 11 janvier le changement de nom du pays, qui est devenu la « République de Macédoine du Nord » conformément à un accord conclu en juin dernier avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras.

Panos Kammenos est le fondateur des Grecs indépendants (ANEL), petit parti souverainiste qui soutient le gouvernement de coalition conduit par Tsipras depuis 2015. Il n’a jamais caché son hostilité à l’égard de l’accord conclu avec la Macédoine, considérant que ce nom constitue une revendication implicite sur un territoire grec. Le ministre de la défense souhaitait que le terme de « Macédoine » disparaisse complètement de la nouvelle désignation de l’ancienne république yougoslave. Il a annoncé sa démission dimanche après une rencontre avec le premier ministre, ajoutant qu’il entendait entraîner avec lui six autres ministres, membres de sa formation politique.

Tsipras demande « immédiatement » un vote de confiance

Alexis Tsipras a rétorqué qu’il allait demander immédiatement au Parlement grec de voter la confiance à son gouvernement. La coalition que dirige le premier ministre compte 153 membres sur 300 élus, dont 145 appartiennent à son parti Syriza (gauche).

La question du nom de la Macédoine avait déjà entraîné en octobre la démission du ministre des affaires étrangères, Nikos Kotzias, architecte de l’accord, qui estimait ne pas bénéficier d’un soutien suffisant de Tsipras dans les mauvaises relations qu’il entretenait avec Kammenos. Désormais, le départ du leader des Grecs indépendants provoque une incertitude politique alors que les élections législatives doivent avoir lieu au mois d’octobre.

Un accord après trente ans de litige

Pourquoi la Macédoine veut-elle changer de nom ?
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Athènes et Skopje ont signé le 17 juin un accord historique pour rebaptiser l’ex-république yougoslave qui met fin à près de trente ans de litige entre les deux pays. La Grèce s’était alors engagée à lever son veto à l’adhésion de la Macédoine à l’OTAN ainsi qu’aux négociations d’adhésion à l’Union européenne du petit pays balkanique de 2,1 millions d’habitants. Athènes avait fait du changement de nom une condition, considérant que l’appellation de Macédoine faisait exclusivement partie de son patrimoine historique et ne pouvait qu’être portée par sa province frontalière.

Le changement de nom ne pourra devenir effectif que si l’accord conclu en juin est ratifié par le Parlement grec. Le parti Nouvelle Démocratie (78 députés), principale formation de l’opposition, a annoncé qu’il se prononcerait contre. Le premier ministre grec espère malgré tout que l’accord pourra être ratifié avec l’appoint des voix du centre gauche et des députés indépendants.