Le 13 janvier, dans un décor design, l’animateur David Milliat interroge le philosophe suisse Alexandre Jollien : « Que nous apprend la fragilité ? ». / FRANCE TÉLÉVISIONS

FRANCE 2 - DIMANCHE 13 JANVIER - 10 H 30. MAGAZINE

Elle est la doyenne du paysage audiovisuel français : l’émission catholique dominicale de France 2 « Le Jour du Seigneur » fête ses 70 ans. Pour cet anniversaire, ses producteurs, le Comité français de radio-télévision (CFRT) et France Télévisions, lui ont offert une nouvelle formule, avec un magazine de trente minutes rajeuni en préalable à la messe, qui retrouve son créneau de 11 heures à midi. Un changement impulsé par l’arrivée, en septembre 2018, du rédacteur en chef Eric Pailler. L’occasion, pour lui, de confesser au Monde, lundi 7 janvier, les secrets de cette longévité unique.

L’audience se maintient

Premier d’entre eux, le direct. Dès sa création, en 1949, par le père Raymond Pichard (1913-1992) l’émission se compose d’un module de réflexion de trente minutes qui introduit l’heure d’office, le tout en direct. Aujourd’hui encore, « le magazine est enregistré dans les conditions du direct. Rien n’est coupé », assure Eric Pailler. La structure demeurera inchangée, même lorsque, en 1987, l’émission quitte TF1, privatisée, pour rester dans le service public.

Cela n’empêche pas d’évoluer. Au fil du temps s’agrègent les émissions d’autres cultes (protestant en 1955, juif et orthodoxe en 1960, bouddhiste et musulman en 1980) pour former « Les Chemins de la foi », chaque dimanche dès 8 h 30.

Parallèlement, la ligne éditoriale passe du rôle éducatif des ­années 1940-1950 à celui d’outil de réflexion puis, aujourd’hui, de questionnement. Ainsi, le 13 janvier, dans un décor design, l’animateur David Milliat interrogera son invité, le philosophe Alexandre Jollien, sur le thème « Que nous apprend la fragilité ? »

Un pari audacieux – autre marque de fabrique. Alexandre Jollien, 43 ans, philosophe et écrivain suisse, est handicapé de naissance. Connu depuis L’Eloge de la faiblesse (Le Cerf, 1999), écrit sous la forme d’un dialogue avec Platon, il publie La Sagesse espiègle sur la dépendance affective. Le thème est complexe, le personnage tout autant.

Avec 485 244 téléspectateurs en 2018 (source interne), celle-ci se maintient depuis cinq ans, mais reste très éloignée des 3 millions des années 1980

Lorsqu’il déclare « l’homme n’est pas cause de soi », reprenant Spinoza, il articule difficilement, obligeant à tendre l’oreille. « Le lâcher-prise, je n’aime pas trop, dit-il. C’est comme une ­injonction. »

Personne n’aime les injonctions. Financé à parité par les donateurs et France Télévisions, « Le Jour du Seigneur » n’a pas à subir la pression de l’audience. Avec 485 244 téléspectateurs en 2018 (source interne), celle-ci se maintient depuis cinq ans, mais reste très éloignée des 3 millions des années 1980. La nouvelle formule va-t-elle inverser la courbe ? Les voies de l’Audimat sont impénétrables.

Le Jour du Seigneur (30 min.). www.lejourduseigneur.com/