L’accord conclu avec l’Union européenne est critiqué tant par les Brexiters craignant une forme d’arrimage permanent à l’UE que par les europhiles espérant pouvoir faire machine arrière. / FRANK AUGSTEIN / AP

Il est considéré comme l’un des votes les plus décisifs pour le Royaume-Uni depuis la seconde guerre mondiale. Et pourtant, tous les regards sont déjà tournés vers l’après-vote. Difficile en effet de trouver un responsable politique, un observateur ou un bookmaker prêt à parier un seul penny sur l’approbation par les députés de l’accord sur le Brexit que Theresa May a conclu le 25 novembre 2018 avec l’Union européenne (UE).

A deux mois et demi de la date prévue de la sortie britannique de l’UE, les chances de succès de la première ministre britannique apparaissent en effet bien minces.

  • Lundi 14 janvier, un discours pour convaincre les députés

Theresa May va tenter lors d’une plaidoirie de dernière minute, lundi, de convaincre les députés de ne pas rejeter l’accord. Elle doit prendre la parole dans une usine du bastion pro-Brexit de Stoke-on-Trent, dans le centre de l’Angleterre, ville qui a voté à 69,4 % en faveur du Brexit. La première ministre va enjoindre aux députés de ne pas décevoir les électeurs ayant voté en faveur du retrait au référendum de 2016.

« Nous avons tous le devoir de mettre en œuvre le résultat du référendum », rappellera-t-elle, selon des extraits diffusés à l’avance par ses services. Sinon, « cela causerait un préjudice catastrophique à la confiance du peuple dans le processus démocratique et dans ses responsables politiques ».

Theresa May devrait également faire une déclaration au Parlement dans l’après-midi, avant de laisser les députés poursuivre leurs débats sur le Brexit, rapporte Sky News. Selon la chaîne d’information, la déclaration de la dirigeante britannique sera surtout consacrée aux garanties de l’Union européenne sur la clause de sauvegarde irlandaise ; un dispositif qui doit permettre d’éviter le rétablissement d’une frontière physique entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord.

Le gouvernement britannique doit ainsi publier lundi une lettre de l’UE contenant des « assurances » du président du Conseil européen Donald Tusk et du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sur l’accord de Brexit, a fait savoir un porte-parole de la première ministre.

  • Mardi 15 janvier, « the » vote

Il a fallu dix-sept mois d’intenses négociations aux équipes de la première ministre britannique, Theresa May, et de Michel Barnier, le négociateur en chef bruxellois, pour parvenir à un accord de divorce entre le Royaume-Uni et le reste de l’Union européenne. Le résultat : un projet de traité international de 585 pages, trois protocoles (Irlande, Chypre et Gibraltar), et de multiples annexes.

La Chambre des communes votera mardi – à partir de 20 heures (heure de Paris), selon les médias britanniques – sur cet accord. Mais celui-ci a de fortes chances d’être rejeté, étant critiqué tant par les Brexiters, qui craignent une forme d’arrimage permanent à l’UE, que par les europhiles, qui espèrent pouvoir faire machine arrière.

  • Lundi 21 janvier, un « plan B » ?

La menace d’un « no deal » a déjà été contrecarrée la semaine dernière au Parlement, avec l’adoption d’un amendement obligeant l’exécutif à présenter sous trois jours, en cas de rejet de l’accord, un « plan B » amendable. L’amendement, qui donne trois jours parlementaires ouvrés à Mme May pour proposer une autre solution, l’oblige concrètement à rendre sa copie à Westminster avant lundi 21 janvier, compte tenu du week-end.

Un autre amendement à une loi budgétaire, également voté grâce au soutien de conservateurs europhiles, limite les pouvoirs fiscaux du gouvernement en cas d’absence d’accord. Et, selon le Sunday Times, un groupe de députés frondeurs, issus de tous les partis, œuvre à modifier les règles de fonctionnement de la Chambre des communes pour permettre à leurs motions de prévaloir sur les propositions du gouvernement, qui perdrait alors sa « capacité à gouverner » en cas de rejet de l’accord.

Toujours d’après le journal, Downing Street est « extrêmement préoccupé » par cette éventualité, qui donnerait la main aux députés, estimant qu’elle leur permettrait de retarder la sortie de l’Union européenne.