Hiroto Saikawa, le directeur général de Nissan, ici le 17 décembre 2018, affirme que « les faits sont graves » et qu’il a lui-même été « choqué ». / SHUJI KAJIYAMA / AP

Les révélations au sujet de Carlos Ghosn, incarcéré au Japon, pourraient-elles être le fruit d’un complot pour l’écarter ? « C’est absurde », répond le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, évoquant des « faits graves », dans une interview aux Echos, mardi 15 janvier. « Comment peut-on imaginer cela ? C’est absurde et je ne peux pas comprendre que l’on puisse croire une seconde à un tel scénario ! Regardez les faits. Ils sont graves », observe M. Saikawa.

« J’ai été le premier choqué par ce que l’enquête a montré. Je peux vous dire que ce n’est pas facile à encaisser pour nous moralement, et que les conséquences de l’audit interne et des investigations pèsent sur toute l’organisation. »

« Ce que suggère l’enquête interne, c’est que nous avons affaire à des manipulations et à des dissimulations intentionnelles », affirme encore M. Saikawa.

« Ghosn avait un très grand crédit »

Jeudi, Renault avait publié un communiqué évoquant « une campagne de déstabilisation délibérément orchestrée » après des révélations sur le salaire d’une proche de Carlos Ghosn, la directrice déléguée à la présidence de l’entreprise Mouna Sepehri.

Le PDG de Renault est poursuivi pour abus de confiance, une accusation pour laquelle Nissan réclame « des sanctions fermes ». M. Ghosn et son bras droit Greg Kelly, relâché sous caution le 25 décembre, ont aussi été inculpés pour avoir minoré les revenus du premier dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018. Tout comme le constructeur japonais, mis en cause en tant qu’entité morale ayant remis les documents incriminés.

Au quotidien Les Echos qui lui demande s’il était vraiment possible que personne n’ait été au courant de ces agissements au sein de Nissan, Hiroto Saikawa répond : « Je comprends que l’on puisse se poser cette question. Mais il faut comprendre que Carlos Ghosn avait, du fait de ce qu’il a accompli, un très grand crédit au sein du groupe. Il était très respecté et avait acquis de plus en plus de pouvoir. » « Il est facile de refaire l’histoire après coup », explique-t-il.

Le dirigeant du groupe japonais avait affirmé une semaine plus tôt à l’AFP que l’alliance entre Renault et Nissan, bâtie par Carlos Ghosn, n’était « absolument pas en danger ». « Je veux redire ici que je tiens plus que tout à l’Alliance avec Renault », répète-t-il aux Echos.

« Renault tirera les mêmes conclusions »

Le conseil d’administration de Renault, lorsqu’il aura accès au dossier complet sur Carlos Ghosn, tirera les mêmes conclusions que Nissan quand celui-ci a mis à ses fonctions de président, assure le directeur général du constructeur automobile japonais.

« Tout ce que je souhaite, c’est que les administrateurs de Renault aient eux aussi accès au dossier complet, aux faits. Je pense que, lorsque ce sera le cas, ils tireront la même conclusion que nous. »

« Nous comprenons que le conseil d’administration de Renault n’a pas eu accès au contenu du dossier lui-même, semble-t-il en vertu de ce principe de présomption d’innocence, ajoute-t-il. De nouveau, je reconnais la complète validité de ce principe mais je considère aussi qu’(…) il y a des comportements qui ne sont pas acceptables pour un dirigeant. Si bien qu’il était de notre devoir de mettre fin à ses fonctions. »

Contrairement à Nissan et à Mitsubishi, Renault a choisi de maintenir Carlos Ghosn dans ses fonctions de PDG, celui-ci étant « empêché » depuis son arrestation au Japon le 19 novembre sur des accusations de malversations financières chez Nissan, et d’opter pour une direction intérimaire.