« Gilets jaunes » : peut-on comparer le mouvement aux révoltes du passé ?

Le grand débat national, c’est parti. C’est dans le gymnase de la petite commune de Grand-Bourgtheroulde (Eure), devant quelque six cents maires normands, qu’Emmanuel Macron donne mardi 15 janvier le coup d’envoi de cette grande consultation censée répondre à la crise des « gilets jaunes », en donnant pendant deux mois la parole aux Français. Quatre grands thèmes sont sur la table : le pouvoir d’achat ; la fiscalité ; la démocratie et l’environnement.

A partir de 15 heures, des édiles des cinq départements normands exposeront au président de la République les doléances de leurs administrés. « La parole sera laissée aux maires » afin qu’ils fassent « remonter les préoccupations de leurs concitoyens », selon la présidence de la République. M. Macron « nous a dit qu’il n’avait pas l’intention de parler, sauf de manière très ponctuelle. Il est plutôt dans une phase d’écoute », a confirmé Vanik Berberian, président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), après avoir été reçu lundi à l’Elysée.

Notre journaliste Aline Leclerc est présente sur place :

Justice fiscale

Le maire de Grand-Bourgtheroulde, Vincent Martin (sans étiquette), remettra ainsi au chef de l’Etat le cahier de doléances des Therouldebourgeois, qui s’est rempli depuis l’annonce de sa venue. Les questions de justice fiscale – et plus précisément le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), rejeté par M. Macron –, de pouvoir d’achat des retraités et de mobilité arrivent en tête de leurs préoccupations. Cette commune située en première couronne de la métropole de Rouen est dépourvue de transports en commun pour s’y rendre.

Des « gilets jaunes » de l’Eure ont souhaité participer à cette rencontre et ainsi adressé une demande écrite au préfet, restée sans réponse. Dans leur courrier – que Le Monde a consulté –, les « gilets jaunes » de Brionne (Eure) demandent à pouvoir « exprimer certaines de [leurs] revendications principales (allégement d’impôts et des taxes, et mise en place du référendum d’initiative citoyenne notamment) » auprès d’Emmanuel Macron, et auprès des maires, « leur demander de bien vouloir accepter, à l’avenir, [leurs] déclarations de manifestation ».

Manifestation des « gilets jaunes » et des syndicats

Pour ce déplacement, le président de la République sera accompagné de quatre ministres, dont les deux chargés depuis lundi d’animer le grand débat : Sébastien Lecornu (collectivités territoriales), ex-président du conseil départemental de l’Eure, et la secrétaire d’Etat Emmanuelle Wargon (transition écologique).

Cette première sortie du chef de l’Etat en région depuis un mois se déroulera sous haute sécurité, alors que des « gilets jaunes » et des syndicats ont appelé à manifester sur place. Un arrêté préfectoral a interdit toute manifestation sur la commune jusqu’à mercredi.

A Rouen, à une trentaine de kilomètres de là, plus de deux mille cinq cents « gilets jaunes » ont défilé samedi dans les rues du centre-ville, une mobilisation qui a donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre et des agressions de journalistes. Pour lancer, et cadrer, ce grand débat national, Emmanuel Macron a diffusé dimanche soir sa « lettre aux Français » où il assure qu’il « rendra compte directement » des résultats de cette consultation afin de « bâtir un nouveau contrat pour la nation ».

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La mobilisation racontée

Les origines du mouvement

Carburant, pouvoir d’achat, RIC : les raisons de la colère

La réponse politique d’Emmanuel Macron

Face à la police et à la justice