A l’occasion de Roland-Garros, en mai 2018, Serena Williams arbore une tenue qu’elle qualifie de « princesse guerrière », censée favoriser une meilleure circulation sanguine. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

N’en déplaise à ses détracteurs, Bernard Giudicelli le premier, non seulement Serena Williams pourra à nouveau enfiler sa combinaison intégrale portée lors du dernier Roland-Garros, mais d’autres pourraient l’imiter. Fin août 2018, le président de la Fédération française de tennis (FFT) avait déclenché une polémique mondiale en indiquant, dans un entretien donné à Tennis Magazine, qu’il ne tolérerait plus certaines tenues vestimentaires à Roland-Garros. La combinaison noire portée par l’Américaine lors de l’édition 2018 – pour des raisons médicales avant tout – était dans son viseur : « Je crois qu’on est parfois allé trop loin. La combinaison de Serena cette année, par exemple, ça ne sera plus accepté. »

Les Grands Chelems ayant leurs propres règles, M. Giudicelli peut bien décider ce qu’il veut. Mais pour le reste des tournois, l’Association des joueuses de tennis (WTA) a donné gain de cause à Serena Williams. Dans un communiqué publié à l’intersaison, l’instance qui régit le circuit féminin estime que « les leggings et les shorts de compression peuvent être portés avec ou sans jupe, short ou robe ». « Il n’y a aucune interdiction sur ces sujets. Nous comprenons l’importance de (…) s’assurer que nos joueuses aient la flexibilité de choisir les vêtements qu’elles portent », précise son président, Steve Simon.

Classement conservé trois ans

Cette modernisation du code vestimentaire est l’une des nouvelles mesures ratifiées le 17 décembre par la WTA, à la veille de la nouvelle saison. Et Serena Williams est aussi à l’origine de la plus emblématique d’entre elles : faciliter le retour de maternité, un thème déjà soulevé par la Belge Kim Clijsters ou la Biélorusse Victoria Azarenka, ex-numéros un mondiales respectivement devenues mères en 2008 et 2016.

Jusqu’à présent, aucune distinction n’était faite entre une joueuse blessée et une autre venant d’accoucher : toutes bénéficiaient d’un « classement protégé » durant les deux années suivant leur dernier tournoi disputé. Ce classement protégé leur permet, quel que soit leur classement réel, d’intégrer directement un certain nombre de tournois sans passer par les qualifications ou compter sur une invitation. Cette durée vient d’être portée à trois ans et, pour les joueuses de retour de grossesse, elle commencera au jour de la naissance de leur enfant.

« Les jeunes joueuses peuvent décider d’avoir des enfants sans être préoccupées par ce choix et sans avoir à attendre le crépuscule de leur carrière », Serena Williams

Par ailleurs, le cas de Serena Williams à Roland-Garros a engendré une autre modification du système. La championne de 36 ans, descendue à la 451place mondiale, n’avait pas reçu le statut de tête de série par les organisateurs du tournoi parisien – à l’inverse de leurs homologues de Wimbledon et l’US Open. Ce statut réservé aux trente-deux joueuses les mieux classées leur permet de ne pas affronter une autre tête de série avant le troisième tour. Désormais, les joueuses qui bénéficiaient de ce statut avant leur grossesse ou leur blessure auront la garantie de ne pas rencontrer une adversaire de tête de série au premier tour lors de leurs huit premiers tournois.

« Les jeunes joueuses peuvent décider d’avoir des enfants sans être préoccupées par ce choix et sans avoir à attendre le crépuscule de leur carrière. Je pense que c’est une très bonne règle, s’est félicitée Serena Williams, qui a donné naissance à son premier enfant en septembre 2017. Avoir moi-même vécu cette expérience m’a ouvert les yeux. Aurais-je eu un enfant plus tôt si les règles avaient été différentes ? Je ne sais pas, mais maintenant, les femmes n’ont plus à se poser la question. »

Adoption et gestation pour autrui

La WTA va plus loin dans le détail de son règlement. Les femmes qui ont adopté, ont eu recours à la gestation pour autrui ou sont devenues tutrices légales d’un enfant bénéficient, elles, d’une période de deux ans pour faire valoir leur classement protégé à partir de leur dernier tournoi.

« Nos joueuses devraient se sentir plus à l’aise et confiantes pour prendre le temps de s’éloigner des courts pour fonder une famille ou se remettre d’une blessure (…). C’est un très bon premier pas », a, de son côté, commenté Victoria Azarenka, membre du conseil des joueuses de la WTA.

Parmi les autres mesures qui sont entrées en vigueur en janvier, la mise en place de comptes à rebours sur les courts. Pour les tournois dits « Premier » – les plus importants après les Grands Chelems sur le circuit féminin –, celles qui prennent plus de vingt-cinq secondes entre chaque point seront passibles d’un avertissement.

Enfin, les joueuses ne pourront plus sortir du court qu’une seule fois par match pour se changer ou aller aux toilettes, contre deux auparavant. La WTA n’a pas donné de justification à cette restriction, même s’il est probable qu’elle ait voulu limiter les pauses jugées parfois volontaires pour casser la dynamique du match. Voilà pour la théorie. Dans la pratique, cela promet des discussions pressantes avec messieurs les arbitres.