Douze ans après la défaite des Bleus face aux Allemands à Cologne, Mickaël Guigou et les Bleus affrontent l’Allemagne au Mondial. / HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS

« C’est une date qu’on a cochée depuis longtemps, le premier gros test du championnat du monde. » Au terme de la victoire des Bleus, lundi soir, face à une accrocheuse sélection de Corée « unifiée », le handballeur français Adrien Dipanda s’est projeté vers la suite de la compétition. Forte de trois victoires en autant de rencontres, l’équipe de France affronte, mardi 15 janvier, les hôtes allemands du Mondial de handball. Dans une arena berlinoise acquise à la cause des siens, les Français s’attendent à une ambiance survoltée.

« Les Allemands vont chercher à faire vibrer cette salle, souligne l’entraîneur adjoint français, Guillaume Gille. Lors de leurs précédents matches, ils ont rapidement eu besoin de chauffer l’atmosphère, et c’est un véritable défi de les affronter devant leurs supporters. » « Jouer les Allemands à Berlin, ça va être vraiment dur, prévenait Valentin Porte avant l’entame de la compétition. Mais ça peut permettre à notre équipe de gagner en maturité et passer peut-être un cap. »

Après trois rencontres inégales, la France, toujours privée de Nikola Karabatic, devra monter en puissance pour poursuivre sa série de victoires. Face à un adversaire direct pour l’accession au tour principal du Mondial, la rencontre de mardi est « le premier tournant de la compétition », estime Guillaume Gille.

D’autant que les Allemands restent sur un match nul face aux Russes et qu’ils n’ont d’autre choix que de l’emporter face aux Bleus pour s’assurer de la première place du groupe, primordiale dans l’optique d’un accès aux demi-finales.

Si elle reste sur deux compétitions ratées (deux neuvièmes places à l’Euro 2018 et au Mondial 2017), la Mannschaft a été sacrée à l’Euro 2016, et s’appuie sur des individualités – comme le Parisien Uwe Gensheimer – capables de faire la différence face à n’importe quelle défense.

« La Mecque du handball »

Le Parisien Uwe Gensheimer sera à surveiller par la défense française. / ANNEGRET HILSE / REUTERS

Longtemps, l’Allemagne a été considérée comme « la Mecque du handball » pour son voisin d’outre-Rhin, rappelle Philippe Bana. « Quand on [le handball français] était petit, la Deutscher Handballbund (DHB) était la fédération à un million de licenciés, se remémore le directeur technique national du hand français. Celle qui contenait la Bundesliga, l’énorme division du handball des clubs, qui nous massacrait, à l’époque de la RFA et de la DDR, ou même après. »

Après l’arrêt Bosman (1995, instituant une libre circulation des joueurs européens) et jusqu'il y a peu, les meilleurs talents du handball hexagonal sont partis disputer « le meilleur championnat du monde », baignant dans un professionnalisme sans pareille mesure en France à l’époque. Et l’équipe de France a bénéficié de cet exil. « La Bundesliga a été un important relais pour nos internationaux, souligne le DTN. Mais aujourd’hui, le petit frère s’est mis au niveau du grand. »

Depuis quelques années, la montée en puissance du championnat de France – symbolisée l’an passé par un triplé hexagonal en Ligue des champions – a permis de rapatrier les meilleurs joueurs français. Mais paradoxalement, l’équipe nationale allemande « est une équipe qu’on connaît très peu, souligne Adrien Dipanda. On connaît bien les joueurs, mais on a très peu joué de France-Allemagne. »

« Le plus gros vol de l’histoire » en mémoire

A l’instar – toutes proportions gardées – des « larmes de Séville » du France - Allemagne de 1982 au football, l’équipe de France de handball garde en mémoire une rencontre face aux Allemands : la demi-finale du Mondial 2007 (organisé en Allemagne), qui avait vu les Français s’incliner en toute fin de partie après que la paire d’arbitres avait refusé un but égalisateur de Mickaël Guigou à la surprise générale.

« C’est le plus gros vol de l’histoire du handball international, peut-être même de l’histoire du sport, estimait alors à chaud Jérôme Fernandez. Il n’y avait rien à faire, il fallait que l’Allemagne soit championne du monde. »

« On a eu l’impression d’être volé, se souvient Philippe Bana. Mais cette gamelle nous a servi de tremplin par la suite. » Le traumatisme a servi de catalyseur pour asseoir la domination française des « Experts ». « C’est un échec sur lequel on a su rebondir et qui nous a permis d’aller gagner les JO l’année d’après, mais aussi les compétitions suivantes », estime Mickaël Guigou aujourd’hui.

Malgré tout, l’ailier vétéran assure qu’il rendrait bien aux Allemands la monnaie de leur pièce. « Battre une équipe chez elle est toujours très plaisant », confirme Nedim Remili. Or, la France a pris l’habitude de poser problème aux équipes évoluant à domicile. « On aime ça, et c’est aussi notre marque de fabrique, glisse Valentin Porte. L’an dernier on a joué en Croatie contre les Croates et on les a éteints. On a climatisé la salle. »

Réduite au silence, la bouillante arena zagréboise avait assisté à l’élimination de ses favoris de l’Euro par les Bleus. « C’est un vrai bonheur pour un joueur, prolonge le capitaine montpelliérain. Tu te dis “si j’étais à leur place, ce serait l’enfer” ».

Allemagne - France, mardi 15 janvier à 20 h 30 (sur BeIN Sports 1)