Rahaf Mohammed Al-Qunun à son arrivée à l’aéroport de Toronto, le 12 janvier. / Carlos Osorio / REUTERS

Deux jours après avoir trouvé refuge au Canada, la jeune Saoudienne Rahaf Mohammed Al-Qunun a expliqué pour la première fois, lundi 14 janvier, pourquoi elle a décidé de fuir son pays. « Nous, les femmes saoudiennes, nous sommes traitées comme des esclaves », a-t-elle déploré à la télévision publique anglophone CBC.

« J’ai déjà été enfermée pendant six mois parce que je m’étais coupé les cheveux », a poursuivi la jeune femme de 18 ans, racontant avoir régulièrement subi « la violence corporelle » de son frère et de sa mère. « J’espère que mon histoire encouragera d’autres femmes à être courageuses et libres, a-t-elle également expliqué à la chaîne ABC en Australie. J’espère que mon histoire incitera les lois [en Arabie saoudite] à changer, notamment parce qu’elles ont été exposées au monde entier. »

« Je voulais être libérée de l’oppression et de la dépression. Je voulais être indépendante. Je n’aurais pas pu épouser la personne que je voulais. Je ne pouvais pas trouver de travail sans permission. »

Barricadée dans une chambre d’hôtel

La jeune Saoudienne, barricadée pendant plusieurs jours dans une chambre d’hôtel à l’aéroport de Bangkok, avait suscité une mobilisation internationale sur les réseaux sociaux en dénonçant dans des vidéos les pressions psychologiques et physiques que sa famille lui infligeait, selon elle. Elle a aussi affirmé à Human Rights Watch (HRW) qu’elle souhaitait renoncer à l’islam, ce qui la met « sérieusement en danger », souligne cette organisation non gouvernementale (ONG).

Le Canada lui a finalement accordé l’asile et, depuis samedi, Rahaf Mohammed Al-Qunun a commencé une nouvelle vie à Toronto. Depuis son arrivée dans la métropole canadienne, elle dit avoir reçu une lettre de sa famille qui lui a annoncé notamment qu’elle la reniait. Pour cette raison, elle demande désormais à être appelée seulement Rahaf Mohammed, et souhaite supprimer son nom de famille, Al-Qunun. « Beaucoup de gens me détestent, qu’ils soient de ma famille ou d’Arabie saoudite en général », a ajouté la jeune femme, la voix coupée par l’émotion. Maintenant au Canada, où elle est prise en charge par une ONG, elle désire étudier l’anglais et trouver un emploi.

Jusqu’à présent, « je sentais que je ne pouvais pas accomplir mes rêves tant que j’habitais en Arabie saoudite », a-t-elle ajouté, redisant son bonheur d’avoir été accueillie au Canada. « J’ai eu l’impression de renaître, notamment quand j’ai ressenti tout cet amour et cet accueil », a-t-elle commenté. « Dites aux Canadiens que je les aime. »