Et maintenant ? Alors que le Parlement britannique a rejeté massivement mardi 15 janvier l’accord conclu entre Bruxelles et Londres, la France va intensifier ses préparatifs pour un Brexit sans accord, a annoncé mercredi l’Elysée. « Jamais le risque d’un “no deal” n’a paru aussi élevé », a ainsi prévenu le négociateur en chef de l’Union européenne (UE) pour le Brexit, Michel Barnier.

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Comme prévu avant même le vote du Parlement britannique, le premier ministre, Edouard Philippe, doit réunir jeudi matin « les principaux ministres concernés pour faire le point sur les préparatifs et les accélérer », a précisé la présidence dans un communiqué. Cette réunion avait été prévue avant le vote britannique.

Avec le rejet de l’accord par une grande majorité de députés britanniques, « les risques d’un “no deal” se sont accrus hier », poursuit le texte. Un tel scénario « serait très négatif pour le Royaume-Uni » et « serait mauvais pour l’Europe, et pour la France, qui est la porte d’entrée » d’une bonne partie des flux entre la Grande-Bretagne et le reste de l’Europe, selon l’Elysée.

700 douaniers supplémentaires

Un projet de loi préparant la France à toute forme que prendrait la sortie du Royaume-Uni de l’UE doit être adopté d’ici la fin de la semaine par le Parlement. Ce texte, sur lequel députés et sénateurs se sont accordés fin 2018, habilite le gouvernement à prendre par ordonnances les mesures de préparation.

Contacté par l’AFP, le ministère de l’action et des comptes publics a assuré mercredi que « les douanes se sont préparées depuis des mois au Brexit ». « Nous avons demandé le recrutement de 700 douaniers supplémentaires, dont 500 seront à pied d’œuvre dès le 29 mars en cas de Brexit sans accord », a ajouté une source de Bercy.

La Commission européenne avait dès la fin de l’année présenté une série de mesures afin d’essayer d’atténuer les conséquences d’une sortie sans accord pour les secteurs susceptibles d’être les plus affectés (transports, finances, douanes, citoyens, environnement…). Mercredi matin, en ouverture du débat sur le Brexit au Parlement européen, la présidence roumaine de l’UE s’est engagée à faire adopter ces mesures « en temps utile ».

Incertitude

De son côté, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a appelé mercredi les entreprises françaises à se préparer à une sortie, dès le 29 mars, du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord :

« Le vote d’hier soir ajoute de l’incertitude à l’incertitude. Face au Brexit, la seule urgence pour nous est d’accélérer la préparation des entreprises au pire scénario, même si le pire n’est pas sûr. Il n’y aurait alors ni transition, ni délais, ni dérogation. Les personnes, les biens, les services et les capitaux ne pourraient plus circuler librement entre l’Europe et le Royaume-Uni. »

Selon l’organisation patronale, 30 000 entreprises françaises exportent au Royaume-Uni, dont plus de 3 000 y sont installées. Fin novembre, le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, s’était déclaré « très inquiet » de la préparation des entreprises françaises à un Brexit dur.

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