À Kendal (nord-ouest de l’Angleterre), en août 2015. / Suzanne Plunkett / REUTERS

L’avenir de la frontière nord-irlandaise ? La perte du passeport financier européen ? Non, c’est un sujet plus prosaïque qui semble tracasser l’ancien ministre britannique des affaires européennes, Denis MacShane, en cas de Brexit sans accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

« Les Anglais sont les plus gros consommateurs de papier toilette en Europe », a souligné cet ex-député travailliste, mercredi 16 janvier, dans l’émission « C dans l’air », sur France 5. La mine imperturbable, M. MacShane s’est ému des risques de pénurie concernant ce produit indispensable au quotidien, si les barrières douanières étaient soudainement rétablies, provoquant des files interminables de camions bloqués aux frontières. « Il n’y a qu’une seule journée de stock chez nous », a-t-il encore fait valoir.

L’ancien ministre de Tony Blair aurait-il levé un lièvre ? Les Britanniques sont en effet de très gros usagers de papier hygiénique, néanmoins devancés par les Allemands en Europe. Selon le portail d’études de marchés Statista, en 2017, leur consommation se serait élevée à 127 rouleaux par tête, contre 134 rouleaux pour l’Allemagne, mais seulement 71 rouleaux pour la France.

Réserves de pulpe

Par-dessus le marché, le pays est très dépendant de l’extérieur, puisque plus de 80 % de son approvisionnement dépend de matière première ou de rouleaux importés. Et ces derniers, encombrants, ne sont pas simples à entreposer. De là à décréter l’état d’urgence, il reste un pas que le très proeuropéen Denis MacShane semble avoir franchi un peu rapidement.

« Je peux calmer les inquiétudes en matière de papier toilette », nous confie, un brin solennel, Andrew Large, directeur général de la confédération britannique des industries du papier. Le pays dispose de réserves de pulpe pour fabriquer le papier permettant de tenir quelques mois, et celles de produits finis couvrent deux à trois semaines, assure-t-il.

Ceux qui ne seront pas rassurés pourront toujours suivre l’exemple de M. MacShane : « Je commence à couper les journaux, surtout [ceux du magnat des médias] Rupert Murdoch, et je fais mon petit stock personnel », a-t-il conclu.