Le nom du groupe, A Bowie Celebration, pourrait être celui d’un tribute band, l’une de ces formations dont les membres sont généralement des anonymes talentueux tout dévoués à rejouer le répertoire de vedettes du rock ou de la pop. Mais là non. A l’exception du batteur et des chanteuses et chanteurs, les interprètes de cette célébration de David Bowie, mort le 10 janvier 2016, sont des musiciens qui ont été aux côtés du chanteur et auteur-compositeur, sur disque, lors de concerts, partageant le quotidien des tournées.

Ils ont été réunis par le pianiste Mike Garson, qui a commencé à collaborer avec Bowie en 1972, comme il le rappelle, ce mercredi 16 janvier, à l’Olympia, à Paris, avant que soit jouée la chanson Changes, le thème de son audition alors. Aux guitares, Earl Slick, qui participa notamment au passage de Bowie vers la soul et le funk au milieu des années 1970, Mark Plati, collaborateur régulier de la fin des années 1990 à 2003, et Gerry Leonard, dans les années 2000. A la basse, Carmine Rojas, qui accompagna Bowie lors du pic commercial des années 1980, après le succès de Let’s Dance. ­Musicalement, tous de haut ­niveau, avec des parcours riches et variés, au-delà de Bowie.

Pour l’Olympia, deux invitées, Carmen Maria Vega et Catherine Ringer

Au programme de ce concert parisien, l’un des quatre de la partie française d’une tournée européenne, ce sont les chansons des années 1970 qui dominent, après l’ouverture, sobre, surprenante, qu’est Bring me the Disco King, chanson de 2003, que Mike Garson interprète, bientôt rejoint par le chanteur Bernard Fowler. Difficile mission, pour les voix, de ne pas imiter Bowie, tout en en étant proche. Fowler, comme Joe Sumner, le fils de Sting, sont sur ce plan les plus exacts, là où Corey Glover force dans des vocalises inutiles. Et pour l’Olympia, deux invitées, Carmen Maria Vega – qui se sort fort bien de This is Not America, l’un des rares titres des années 1980 – et Catherine Ringer.

Pianiste expressionniste

Les chansons connues sont là, A Space Oddity, Life on Mars, Ziggy Stardust (et plusieurs titres de cet album qui inaugura la Bowie­mania, Moonage Daydream, Starman, Five Years, Suffragette City), Rebel Rebel, Young Americans, Heroes au rappel, Ashes to Ashes (début 1980), mais finalement pas tant que ça. Et c’est dans des raretés du répertoire de Bowie que la soirée, globalement réussie, trouve son meilleur, évitant un déroulé prévisible de tubes (rien de la période Let’s Dance). Win, Cracked Actor, Sweet Thing, que chante Bernard Fowler, Quicksand, All the Young Dudes – succès certes, mais de Mott the Hoople, pour qui Bowie l’avait écrite –, dont Joe Sumner donne d’impeccables versions, Andy Warhol, que joue seul à la guitare et chante Gerry Leonard.

Au cœur de cette formation, Mike Garson, pianiste expressionniste, dont le sens de l’improvisation s’entend de bout en bout. Par des motifs esquissés, des notes inattendues dans le déroulé des chansons, des envols furieux. Rien que pour lui, A Bowie Celebration vaut d’être entendu. Dommage toutefois que la formation ne soit pas allée vers la part la plus expérimentale de Bowie, celle de la fin des années 1990. Quand il se réinventait dans un fracas de rock extrême, de stries électro, de formes répétitives, à laquelle avait participé Mike Garson puis Mark Plati. Si une autre tournée venait de nouveau à voir le jour, proposer au public une partie de ce répertoire exigeant, complexe, serait un bel hommage à David Bowie, « toujours en vie dans sa musique et dans les étoiles », comme l’avait souligné Joe Sumner.

A Bowie Celebration
Durée : 00:52

A Bowie Celebration, Théâtre Sébastopol, place Sébastopol, Lille (Nord), jeudi 17 janvier, à 20 heures, de 59,80 € à 69,70 € ; Palais de la musique et des congrès, place de Bordeaux, Strasbourg (Bas-Rhin), vendredi 18 janvier, à 20 heures, de 49,90 € à 69,70 €.