Olivier Faure, premier secrétaire du PS, au siège du PS à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 8 janvier. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Les lieux sont tout beaux, tout neufs. Les cartons pas tous déballés, on sentirait presque la peinture en train de sécher sur les murs. Le Parti socialiste a présenté, vendredi 18 janvier, ses vœux à la presse, le premier événement organisé dans le nouveau siège d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), un an après la vente de l’hôtel particulier du 7e arrondissement de Paris qu’il occupait depuis une trentaine d’années.

« Nous avons fait le choix de réintégrer un quartier qui est plus proche de ce que nous portons, a commenté le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Pour qui nous battons-nous ? Pour qui fait-on de la politique ? Evidemment pas pour ceux qui vivaient autour de la rue de Solférino. » Reste désormais à convaincre ceux qui habitent près de ce bâtiment aux bureaux vitrés et aux grandes verrières laissant entrer la lumière, « cette France que l’on dit parfois périphérique » vers qui le PS veut se tourner.

Ces vœux font acte d’inauguration du siège, l’idée d’un événement en tant que tel ayant été abandonnée, après avoir été repoussée plusieurs fois pour cause de crise des « gilets jaunes ». Et, en ce début d’année, l’heure n’est toujours pas à la fête. Le PS jette en ce moment toute son énergie dans l’idée de plus en plus hypothétique d’un rassemblement à gauche en vue des européennes.

Quelle tête de liste pour le PS aux européennes ?

Alors que le spectre d’une gauche effritée au sein de six ou sept listes se dessine, M. Faure a appelé Benoît Hamon et Yannick Jadot, candidats respectivement pour Génération.s et Europe Ecologie-Les Verts (EELV), à faire preuve de responsabilité et de constance. « Ça fait des mois et des mois que je me retrouve à signer des tribunes communes avec Jadot, avec Hamon, sur la question écologique, sur la question migratoire (…) . Et, là, pour l’échéance européenne, on va se dire que ce n’est pas possible ? »

Il a particulièrement ciblé son ancien camarade Benoît Hamon, qui ne cesse de faire état de ses divergences stratégiques avec le PS avec qui il refuse de s’allier tant que ce dernier est membre du Parti socialiste européen (PSE). M. Hamon « a trois députés européens, ils siègent où, à votre avis ? Au groupe PSE ! », a lâché M. Faure, visiblement exaspéré. Il a continué en prenant à témoin les « héros de Benoît Hamon en Europe » : le Portugais Antonio Costa, « il est où ? Au PSE ! Il est quoi ? Socialiste ! » ; le Britannique Jeremy Corbyn, « il est où ? Au PSE ! ».

« Quelle est la victoire de celui qui pourra dire : “J’ai fait 4 %, il a fait 3 %, je suis devant, il est derrière” ? Est-ce que c’est cela se mettre à la hauteur de l’enjeu ? », a questionné, « avec émotion et colère », le patron des socialistes.

Le PS poursuit ses discussions avec le mouvement Place publique en vue d’élaborer une base commune

Le temps est compté. Le PS a décidé de dévoiler le 2 février sa stratégie pour l’élection, à savoir soutenir une liste de rassemblement ou, à défaut, se lancer de façon autonome. Dans l’intervalle, la formation poursuit ses discussions avec le mouvement Place publique, pour dresser une liste de « 10, 15 ou 20 combats communs » et proposer à d’éventuels partenaires une union sur cette base. En cas d’échec de cet ultime round de travail, M. Faure n’exclut pas de mener la liste du PS.

Brandissant la menace d’un « effacement de la gauche », le premier secrétaire du PS a estimé qu’« il y a une responsabilité pour cette nouvelle génération, qui peut être celle de la renaissance de la gauche » ou « celle qui éteint la lumière ». Au moment où les socialistes investissent un nouveau lieu, ce serait dommage.