Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, est détenu au Japon depuis le 19 novembre 2018. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Les révélations contre le PDG de Renault, Carlos Ghosn, se multiplient. Vendredi 18 janvier, les groupes automobiles japonais Nissan et Mitsubishi (NMBV) ont annoncé vouloir récupérer la somme de près de huit millions d’euros qui aurait été indûment versée à leur ex-patron par l’intermédiaire d’une filiale établie aux Pays-Bas.

Selon l’enquête menée en interne par les deux compagnies, le dirigeant a reçu ainsi « une rémunération totale de 7 822 206,12 d’euros (taxes comprises) », écrit Nissan dans un communiqué, confirmant des informations données la semaine dernière par une source proche du dossier.

« Il s’est signé un contrat sans discuter avec les autres membres du conseil d’administration de NMBV que sont le PDG de Nissan, Hiroto Saikawa, et le PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko, qui n’ont pour leur part touché aucun revenu », affirme le constructeur. Considérant qu’il s’agit là « d’une faute » de M. Ghosn, Nissan dit « réfléchir aux moyens de récupérer cette somme » auprès de l’homme d’affaires ; par un dépôt de plainte, précise une personne au fait des investigations.

Plusieurs fois mis en examen

Le constructeur japonais, qui a commencé à enquêter sur son PDG, M. Ghosn, à l’été 2018 à la suite du signalement d’un ou de plusieurs lanceurs d’alerte, a transmis à l’automne les informations au parquet de Tokyo, ce qui a abouti à l’interpellation surprise de l’homme d’affaires le 19 novembre. Depuis, le bâtisseur de l’alliance Renault-Nissan, qui se dit « faussement accusé », séjourne en prison. Ses avocats ont annoncé vendredi avoir déposé une nouvelle demande de libération sous caution, après l’échec d’une première requête cette semaine.

M. Ghosn a notamment été mis en examen le 10 décembre pour avoir minoré ses déclarations de revenus aux autorités boursières entre 2010 et 2015. Il l’a été de nouveau le 11 janvier, après deux nouvelles périodes de garde à vue, pour des faits similaires entre 2015 et 2018, et pour abus de confiance aggravé. Il aurait imputé en 2008 à Nissan des pertes réalisées sur ses placements personnels.

Nissan lui reproche en outre d’autres malversations, comme l’achat de résidences de luxe à Beyrouth, Rio ou Paris, des donations à des universités au Liban, ou encore l’emploi fictif de sa sœur au Brésil, tout cela aux frais de Nissan. Mais ces éléments ne sont pour le moment pas inclus dans les motifs de poursuites invoqués par les procureurs.

En attendant son procès, qui n’interviendra pas avant plusieurs mois, l’homme d’affaires a déjà été démis de la présidence des conseils d’administration de Nissan et de Mitsubishi Motors. De son côté, Renault, qui avait dans un premier temps argué de la présomption d’innocence, s’est officiellement mis en quête d’un successeur, au lendemain d’un appel de l’Etat français pour une nouvelle gouvernance.