Histoire, vendredi 18 janvier à 20 h 40, documentaire

Une belle vie. Faite de voyages lointains, de rencontres, d’aventures, de dangers. Décédé en 2007, à 74 ans, l’écrivain et journaliste polonais Ryszard Kapuscinski a bien vécu. Et permis de faire découvrir, à travers ses reportages et ses livres, des réalités politiques complexes et passionnantes. Correspondant pour l’Agence de presse polonaise en Asie, en Amérique latine et surtout en Afrique, l’homme a vécu au plus près la chute du chah d’Iran comme celle du négus en Ethiopie.

Travaillant dès la fin des années 1950 en Afrique, un continent qui ne cessera de le passionner, ­Kapuscinski se retrouvera au cœur des combats pour l’indépendance au début des années 1960 et des luttes de pouvoir. Kwame Nkrumah au Ghana, ­Patrice Lumumba en RDC, Julius Nyerere en Tanzanie, Jomo ­Kenyatta au Kenya, Idi Amin Dada en Ouganda, pour ne citer qu’eux, ont tous été scrutés au plus près par le jour­naliste polonais. En 2000, il remportera le prix du meilleur livre de l’année avec Ebène. Aventures africaines (éd. Plon, 2002), formidable voyage à travers une vingtaine de pays africains.

Son dernier entretien

Le brillant reporter de terrain fut aussi un écrivain à la plume acérée et un photographe habile à saisir les turbulences humaines, ne quittant jamais son appareil photo et ses fameux petits carnets de notes. « La vérité est la première victime de la guerre »,résumait-il. Guerre froide en Europe ou guerres brutales en Afrique, il aura tout vécu. Aussi instructif qu’émouvant, ce documentaire riche en images d’archives inédites des années 1960 et 1970 revient sur cette vie hors du commun. Il permet également d’assister au dernier entretien accordé dans son appartement de Varsovie, quelques mois avant sa disparition.

Ryszard Kapuscinski : « Nous disons Afrique, mais c’est une simplification sommaire. En réalité, à part la notion géographique, l’Afrique n’existe pas »

Interrogé par le journaliste Jan Krause, il se rappelle ses premiers reportages en Inde, en Chine ou en Afghanistan. Puis, dès 1958 et un voyage au Ghana, la découverte de l’Afrique : « Le choc, ce fut la lumière, intense et vive. » En introduction d’Ebène, Kapuscinski précise : « Nous disons Afrique, mais c’est une simplification sommaire. En réalité, à part la notion géographique, l’Afrique n’existe pas. » Reporter de guerre, mais surtout observateur lucide des contradictions africaines, Kapuscinski avait un maître à penser, et un seul : Hérodote. « Pour moi, c’était un grand reporter, qui vérifiait tout et dénonçait toutes formes de dictatures ! »

Lire l’entretien avec Ryszard Kapuscinski (en 2006) : « Il est possible de décrire le monde »

L' Afrique vue par Ryszard Kapuscinski
Durée : 02:33

L’Afrique vue par Ryszard Kapuscinski, d’Olga Prud’homme-Farges (Fr., 2014, 52 min). www.histoire.fr/programmes/l-afrique-vue-par-kapuscinski-66569