Le candidat républicain Donald Trump écoute une déclaration de son avocat, Michael Cohen, lors d’un meeting à Cleveland heights, le 21 septembre 2016. / Jonathan Ernst / REUTERS

Donald Trump faisait face, vendredi 18 décembre, à de nouvelles accusations, parmi les « plus graves » à son encontre, selon l’opposition démocrate. Le président aurait demandé à son ancien avocat de mentir au Congrès, dans un nouvel épisode du dossier russe qui empoisonne déjà sa présidence.

Jeudi soir, le site d’information américain BuzzFeed News a révélé, en s’appuyant sur deux sources policières fédérales anonymes, que Donald Trump aurait demandé à son ancien avocat Michael Cohen de mentir lors de son audition au Congrès en 2017 à propos de discussions sur un projet immobilier en Russie.

En 2015, le magnat de l’immobilier avait relancé un vieux rêve : construire une tour Trump de 100 étages à Moscou. Michael Cohen avait d’abord déclaré devant le Congrès que les discussions sur ce projet avaient pris fin début 2016. Puis il avait reconnu avoir menti, puisque celles-ci se sont poursuivies jusqu’en juin de cette même année, en pleine campagne présidentielle.

« Nous ferons le nécessaire pour déterminer la vérité »

Cette nouvelle accusation est grave et, selon BuzzFeed, il s’agit là du premier exemple de Trump demandant à un subordonné de mentir directement sur ses affaires avec la Russie.

Les démocrates n’ont d’ailleurs pas tardé à réagir. « Ces informations selon lesquelles le président des Etats-Unis aurait pu pousser au parjure devant une de nos commissions (…) est l’une des plus graves à ce jour. Nous ferons le nécessaire pour déterminer la vérité », a tweeté Adam Schiff, président démocrate de la commission du renseignement de la Chambre des représentants.

« Si cet article sur Trump qui pousse au faux témoignage est confirmé, alors Trump a commis un délit grave et doit démissionner ou être destitué », a estimé, pour sa part, le sénateur démocrate Jeff Merkley.

Michael Cohen, qui a pris l’habitude de confirmer ou infirmer sur Twitter les informations de presse le concernant, n’a pas réagi. Son avocat, Lanny Davis, a fait savoir dans un communiqué qu’il ne répondrait à aucune question sur ce sujet.

Pour Trump, Cohen « ment pour réduire sa peine de prison »

Donald Trump a, lui, laconiquement répondu en tweetant vendredi matin que Michael Cohen « mentait pour réduire sa peine de prison ».

M. Cohen, tombé en disgrâce aux yeux du président, dont il fut pourtant l’un des plus proches collaborateurs, a déjà reconnu avoir menti au Congrès à ce sujet. La question est maintenant de savoir s’il l’a fait de son propre chef, ou non.

Le 7 février, il doit de nouveau témoigner au Congrès, devant une commission de la Chambre des représentants, désormais aux mains des démocrates. S’il confirmait, sous serment, les révélations de BuzzFeed, ces accusations seraient explosives et ouvriraient la porte à une possible procédure de destitution. Cet « impeachment » devrait être confirmé par un vote du Sénat, contrôlé par les républicains, le parti de M. Trump.

La présidence de Donald Trump est sous la menace de l’enquête que mène le procureur spécial Robert Mueller pour déterminer s’il y a eu en 2016 collusion entre la campagne du milliardaire et la Russie. Dans ce cadre, M. Mueller cherche notamment à savoir si les liens d’affaires entre Donald Trump et Moscou ont pu avoir une influence sur la campagne.

Lire notre série d’articles sur le Russiagate : Le procureur Mueller, cauchemar de Donald Trump

Ancien avocat et homme de confiance du milliardaire républicain, Michael Cohen coopère désormais avec la justice et avec le procureur Mueller. Il a été condamné en décembre à trois ans de prison, une peine qu’il devrait commencer à purger dans les prochaines semaines.

La justice a estimé que celui qui fit partie pendant dix ans du cercle rapproché du magnat de l’immobilier avant de se retourner contre lui avait violé la loi sur le financement des campagnes électorales et qu’il avait agi « sous la direction » de Donald Trump. Des accusations balayées d’un revers de main par le président, qui assure n’avoir jamais demandé à son ancien avocat d’enfreindre la loi.

Depuis, M. Cohen assure « en avoir fini avec les mensonges » ainsi qu’avec sa « loyauté aveugle » pour un homme qu’il admirait, mais qui est, selon lui, très « différent » depuis qu’il gouverne depuis le bureau Ovale.