Manifestation des « gilets jaunes », samedi 19 décembre à Paris. / Kamil Zihnioglu / AP

C’est le dixième samedi consécutif de manifestation pour les « gilets jaunes », toujours mobilisés après plus de deux mois d’une contestation sociale inédite. Un nouvel « acte » – comme sont baptisées ces mobilisations hebdomadaires –, qui se tient quelques jours après le lancement par le président Emmanuel Macron du « grand débat », censé apaiser la colère sociale en donnant la parole aux acteurs locaux.

Mais l’opération est critiquée par nombre de « gilets jaunes », qui reprochent au gouvernement de limiter les thèmes de discussions et de ne pas vraiment écouter leurs revendications.

A Paris, le cortège principal est parti dans le calme de l’esplanade des Invalides vers midi, aux cris de « Macron démission » et après avoir repris La Marseillaise plusieurs fois en cœur. Un millier de manifestants s’étaient rassemblés en fin de matinée, malgré le froid vif et sous haute surveillance policière. Les accès à la place de la Concorde, de l’autre côté de la Seine, et à l’Assemblée nationale étaient bloqués par les forces de l’ordre.

Dans la capitale, la manifestation doit en principe rallier la place d’Italie, dans l’est de Paris, avant de revenir aux Invalides. Un aller-retour de 14 kilomètres le long de la rive gauche, qui abrite de nombreux ministères et lieux de pouvoirs, et avait jusqu’ici échappé aux grands rassemblements hebdomadaires.

Les organisateurs ont invité les participants à apporter « une fleur ou une bougie en hommage » aux personnes tuées ou blessées « pour (leur) cause » depuis le début du mouvement le 17 novembre. Dix personnes sont mortes, pour la plupart lors d’accidents à des barrages, et plus de 2 000 ont été blessées, du côté des manifestants comme des forces de l’ordre.

« Force de l’ordre, ne tirez pas »

Ce nouveau samedi de mobilisation se déroule en effet sur fond de polémique sur l’utilisation par les policiers de « lanceurs de balles de défense », cause de multiples blessures.

Sur l’esplanade des Invalides, des « gilets jaunes » avaient écrit sur un drapeau tricolore : « Force de l’ordre, ne tirez pas, nous sommes ici pour l’avenir de vos et de nos enfants. » Sur une autre, un détournement de la Marianne de Shepard Fairey, tableau affiché dans le bureau du président à l’Elysée, a modifié le slogan de la République par un « Liberté, Egalité, Flashball ».

Selon la préfecture, 5 000 policiers et gendarmes mobiles, dont 35 détachements d’action rapide pour les interpellations, ainsi que huit véhicules blindés à roue de la gendarmerie, sont mobilisés dans la capitale pour le maintien de l’ordre. Sur le plan national, le ministère de l’intérieur fait état d’un dispositif comparable en ampleur à celui du 12 janvier. Près de 84 000 personnes avaient manifesté la semaine passée dans le pays, une mobilisation en hausse par rapport aux 50 000 de la semaine précédente, mais bien inférieure aux centaines de milliers rassemblées en novembre ou décembre. Quelque 80 000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés au total.

Manifestation des « gilets jaunes » à Paris, samedi 19 décembre. / PHILIPPE LOPEZ / AFP

« On veut que ça continue »

Plusieurs rassemblements sont également annoncés samedi après-midi à Bordeaux, où 6 000 personnes ont manifesté samedi dernier, Toulouse, Marseille, Lyon, Saint-Etienne, Roanne, Valence, Clermont-Ferrand, Montélimar, Dijon, Nevers, Montceau-les-Mines, Toulon, Avignon.

A Béziers, plusieurs centaines de manifestants, 300 selon la police, se sont retrouvés en milieu de matinée le centre aux cris de « Macron démission, Macron en prison ! ». Selon Paris Normandie, quelque 2 000 manifestants se sont retrouvés à Rouen, où la situation avait été particulièrement tendue le 12 janvier.

Toulouse devrait également être un des points centraux du 19 janvier. Les organisateurs ont aussi demandé à chacun de venir « avec deux amis qui ne sont encore jamais La semaine dernière, 6 000 personnes avaient défilé dans la ville, selon la préfecture. Des heurts avaient éclaté sur la place du Capitole. « Nous invitons toutes les villes qui le peuvent à se joindre à nous », indiquent les organisateurs. Même ambition à Marseille : « On veut que ça continue, qu’on arrive à faire sortir du monde qui ne sort pas d’habitude pour manifester », a expliqué à l’Agence France-Presse Luc Benedetti, un « gilet jaune » de la ville.

Notre sélection d’articles pour tout comprendre aux « gilets jaunes »

La rubrique pour retrouver l’ensemble de nos contenus (décryptages, reportages...) est accessible sur cette page.

La mobilisation racontée

Les origines du mouvement

Carburant, pouvoir d’achat, RIC : les raisons de la colère

La réponse politique d’Emmanuel Macron

Face à la police et à la justice