France 5, dimanche 20 janvier à 22 h 45, documentaire

Ils sont des dizaines de milliers de Russes à avoir trouvé refuge en France dans les années 1920. On les estime à 400 000 environ, dont 150 000 en région parisienne. Fuyant la révolution bolchevique, aristocrates, bourgeois, soldats, artistes en tout genre se retrouvent en France, le plus souvent sans le sou, prêts à commencer une nouvelle vie avec, en tête, le rêve de revenir un jour au pays. La nostalgie d’un paradis perdu n’est pas facile à vivre, même sous les toits de Paris…

Cet émouvant documentaire, riche en archives filmées, en explications d’historiens et en témoignages (Macha Méril, née princesse Maria-Magdalena Gagarina, ou Marina Vlady, née Catherine Maria de Poliakoff, pour ne citer qu’elles), revient en détail sur la vie quotidienne de ces exilés.

Une vie dure, parfois exaltante

La culture populaire française a retenu l’image de l’aristocrate russe devenu chauffeur de taxi, et ce cas de figure n’est pas éludé. Mais, dans une France en manque de main-d’œuvre, les Russes exilés ont également investi en masse les usines automobiles (à Renault, on habitait Boulogne-Billankoursk !), les cabarets, les restaurants, les plateaux de tournage. Et qu’une ancienne comtesse de Saint-Pétersbourg se retrouve dame pipi dans un cabaret parisien n’étonne guère (Mémoires du prince Youssoupov, 2005).

Le cinéma français sera le terrain de jeu de beaucoup de techniciens russes de haut niveau

Pour les nombreux artistes venus de Russie, la vie est dure, parfois exaltante. Pendant que Staline fait brûler les icônes, certains Russes blancs redoublent de ferveur religieuse dans un Paris où l’Eglise orthodoxe fait figure de lien social. Pauvreté totale pour beaucoup, mais pauvreté grandiose pour certains, comme l’annonce le commentaire ?

Dans le monde de la haute couture, les belles aristocrates trouvent du boulot. Chez les prostituées, certaines se présentent comme nièces du tsar, très chic pour le client. Le cinéma français sera le terrain de jeu de beaucoup de techniciens russes de haut niveau. On danse russe, on chante russe, on compose russe. Jusqu’à la crise de 1929, qui verra les « sales russkofs », comme la plupart des autres immigrés en France, victimes d’une violente vague de xénophobie. « L’âme russe ? C’est être capable d’absorber l’autre ! », résume joliment Macha Méril, dans les allées du cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), où reposent notamment Serge Lifar et Rudolf Noureev.

Des Russes blancs, d’Yves Riou (Fr., 2017, 52 min). www.france.tv/france-5/