La sénatrice de Californie Kamala Harris, en septembre 2018. / SAUL LOEB / AFP

Deux ans seulement après son arrivée au Sénat des Etats-Unis, la démocrate Kamala Harris a annoncé, lundi 21 janvier, sa décision de participer à la course à l’investiture de son parti dans la perspective de l’élection présidentielle de 2020. Elle a choisi le jour férié où les Américains commémorent l’héritage de Martin Luther King pour annoncer sa candidature. Dans le petit film qui accompagne cette déclaration, l’élue de Californie met notamment en avant le souci de défendre « la vérité », « la décence », « l’égalité »… autant de traits portés contre l’actuel président, Donald Trump.

Kamala Harris est née à Oakland, en 1964, d’une mère d’origine indienne et d’un père émigré de Jamaïque, l’un comme l’autre brillants universitaires. Après des études à Montréal, au Canada, où elle suit sa mère après le divorce de cette dernière, elle étudie la science politique à Washington, puis retourne faire son droit à l’université de Californie. Elle en sort diplômée en 1989.

Elle enchaîne ensuite les postes de procureur, d’abord dans sa ville natale, Oakland, puis à San Francisco, en 2003, avant d’être élue procureure de Californie en 2011. Elle plaide pour une justice moins sévère, s’exposant aux critiques venues des rangs républicains qui dénoncent une « juge rouge », présentée comme laxiste. Son ascension n’échappe pas à l’administration de Barack Obama. Son nom est d’ailleurs ponctuellement évoqué pour une éventuelle candidature à la Cour suprême.

« Répondez par oui ou par non »

En 2016, Kamala Harris quitte les rives de la justice pour rejoindre celles de la politique. Elle est élue au Sénat, bénéficiant du soutien des principales figures californiennes. Elle s’y fait vite remarquer par sa pugnacité lors des auditions des personnalités choisies par Donald Trump, pour son cabinet comme pour la Cour suprême. Incisive, elle multiplie les « répondez par oui ou par non » avec un débit de mitraillette, qui comble l’aile gauche démocrate tout en alimentant les critiques des républicains. Ces derniers jugent en effet qu’elle instrumentalise ces auditions pour préparer en fait sa candidature à l’élection présidentielle.

Kamala Harris se lance dans la bataille avec un atout qui est aussi un handicap. Elle est l’élue d’un Etat puissant en nombre de délégués pour la convention d’investiture et qui a avancé en 2020 la date de ses primaires. Organisées traditionnellement alors que la course était déjà jouée, elles se tiendront cette fois-ci au début du mois de mars. Mais cette étiquette californienne peut également s’avérer un piège alors que la carte électorale oblige les démocrates à reconquérir le terrain perdu dans le Midwest et les vieux Etats industriels de la « ceinture de rouille ».

Après les sénatrices Elizabeth Warren (Massachusetts) et Kirsten Gillibrand (Etat de New York), et la représentante d’Hawaï, Tulsi Gabbard, Kamala Harris est la quatrième élue du Congrès à se porter sur les rangs. Un chiffre déjà sans précédent qui pourrait encore augmenter et qui reflète la part prise par les femmes dans le camp démocrate. En 2016, la course à l’investiture du Parti républicain, marquée par un nombre record de postulants, n’avait compté qu’une seule candidate – l’ancienne femme d’affaires, Carly Fiorina – pour seize hommes.