Une voiture piégée attaque un convoi des forces kurdes et américaines le 21 janvier 2019 dans la province de Hassaké (nord-est de la Syrie). / - / AFP

Un convoi des forces américaines et de leurs alliés locaux en Syrie a été pris pour cible, lundi 21 janvier, par un kamikaze au volant d’une voiture piégée – une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), dans laquelle cinq combattants ont été tués. L’attentat intervient moins d’une semaine après une attaque meurtrière également revendiquée par l’EI contre une patrouille américaine à Minbej (nord), alors que Washington a annoncé en décembre le retrait à venir des troupes qui avaient été déployées en Syrie pour lutter contre les djihadistes.

Lundi, cinq combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), l’alliance arabo-kurde soutenue par Washington, ont été tués dans l’attentat survenu dans la province de Hassaké (nord-est), a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le porte-parole de la coalition internationale antidjihadistes emmenée par Washington a confirmé sur son compte Twitter un attentat contre « un convoi conjoint des Etats-Unis et d’une force syrienne partenaire ». « Il n’y a pas de victimes américaines », a-t-il ajouté. Selon l’OSDH, deux soldats américains ont été blessés.

Dans un communiqué, la police kurde des Assayech a confirmé une attaque, mais assuré qu’il n’y avait « pas de pertes humaines », précisant que seule une policière a été « légèrement blessée ». De son côté, l’EI a revendiqué « une attaque-suicide menée avec une voiture piégée », selon son organe de propagande Amaq.

Attentats meurtriers

Ces violences interviennent alors que les Etats-Unis ont annoncé le mois dernier le prochain départ de Syrie des quelque 2 000 soldats américains, justifiant ce désengagement par la défaite de l’EI. Mais les djihadistes, acculés dans des petits secteurs dans l’est de la Syrie, continuent à perpétrer des attentats meurtriers.

Le 16 janvier à Minbej, dix civils et cinq combattants des forces arabo-kurdes ont été tués dans un attentat revendiqué par l’EI. Quatre Américains ont également péri : deux militaires, un employé civil du ministère de la défense et un employé d’un sous-traitant du Pentagone. Il s’agissait de l’attaque la plus meurtrière contre les forces américaines en Syrie, au vu des chiffres du Pentagone.

Minbej constitue un des principaux points de contentieux entre la minorité kurde de Syrie, qui a instauré une autonomie de facto dans le nord et le nord-est du pays en guerre, et le voisin turc, qui voit d’un mauvais œil cette émancipation, craignant qu’elle ne ravive les velléités indépendantistes de la communauté sur son propre territoire. En décembre, Ankara avait menacé de lancer une nouvelle offensive pour déloger de sa frontière la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG).

Lors d’un entretien téléphonique dimanche avec M. Trump, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, « a indiqué que la Turquie était prête à assurer, sans perdre de temps, la sécurité dans la région de Minbej ».

« Pas de plan »

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Syrie et en Irak, l’EI a été mis en déroute par de multiples offensives lancées dans ces deux pays. Dans l’est syrien, un ultime bastion des djihadistes est toujours la cible d’une offensive des FDS, soutenues par les raids aériens de la coalition anti-EI. Outre ce réduit, l’EI est présent dans un secteur du désert syrien qui s’étend du centre du pays à la province de Deir Ezzor. C’est dans cette zone que des affrontements sporadiques opposent les djihadistes aux forces gouvernementales.

L’ancien envoyé spécial américain pour la coalition internationale antidjihadiste, Brett McGurk, qui a démissionné de ses fonctions après l’annonce du retrait américain, déplorait pour sa part dimanche que Washington n’ait « pas de plan » pour ce qui devait suivre, après le désengagement.