Jair Bolsonaro, le 22 janvier au Forum de Davos, en Suisse. / FABRICE COFFRINI / AFP

Que retiendra-t-on du premier discours à l’international de Jair Bolsonaro, président fraîchement élu du Brésil ? Invité à s’exprimer en ouverture des travaux du 49e Forum économique mondial, mardi 22 janvier, à Davos (Suisse), le dirigeant s’est contenté du service minimum : une prestation bouclée en moins de quinze minutes, malgré tout ponctuée d’une invitation à venir « découvrir » le Brésil, ses plages et sa forêt amazonienne…

Le nouvel homme fort du Brésil avait réservé à la station des Grisons son premier déplacement à l’étranger. Surnommé le « Trump des tropiques » pour son discours populiste mâtiné de libéralisme, M. Bolsonaro suscitait une curiosité certaine. Un intérêt renforcé par les défections d’autres têtes d’affiche, comme le président américain Donald Trump, Emmanuel Macron ou la première ministre britannique Theresa May, tous trop occupés à gérer des crises nationales pour pouvoir se rendre dans les Alpes suisses.

Sans surprise, le président brésilien s’est efforcé de vendre aux investisseurs étrangers un « nouveau Brésil ». « Nous jouissons de la crédibilité dont nous avons besoin pour mener les réformes que le monde attend de nous », a-t-il lancé d’un ton martial, avant d’énumérer, en les survolant, les promesses économiques de sa campagne qui lui ont permis de gagner les faveurs des milieux d’affaires brésiliens : réforme de la sécurité sociale, diminution de la charge fiscale, réduction des barrières réglementaires, amaigrissement de l’Etat…

« Investir lourdement dans la sécurité »

L’ancien militaire s’est aussi montré soucieux d’offrir un discours compatible avec les attentes d’un parterre qui disserte dans d’innombrables panels sur les conséquences du réchauffement climatique. Ainsi, point de sortie climatosceptique, comme certains s’y préparaient. « Nous sommes le pays qui préserve le plus l’environnement », a-t-il soutenu, avant d’assurer que cette question allait « de pair avec le développement économique », à rebours de ses déclarations de campagne.

Agrippé à ses fiches, apportées sur scène par un aide de camp, le président brésilien a peu ou prou éludé les questions que lui posait l’organisateur du Forum, Klaus Schwab, sur le détail de ses réformes à venir. Au risque d’alimenter le procès en amateurisme contre cet ancien capitaine d’infanterie ayant un jour avoué « ne rien comprendre à l’économie ». A défaut, il a cité les figures de proue de son gouvernement : l’ex-juge anticorruption Sergio Moro, nommé au ministère de la justice. Mais aussi Paulo Guedes, le très libéral ministre de l’économie formé à l’université de Chicago, grâce auquel M. Bolsonaro est devenu la coqueluche des marchés.

Pour le reste, fidèle à son credo conservateur, le dirigeant a promis d’« investir lourdement dans la sécurité » et de « défendre la famille, les véritables droits humains, la vie ». Et s’il a déclaré qu’il gouvernerait sans biais idéologique, M. Bolsonaro a étrillé les gouvernements de gauche en Amérique qui « ne sont pas bons pour le continent et pas bons pour le monde ».

Faiblement applaudi par une salle pourtant bondée, M. Bolsonaro ne devrait pas marquer les annales du Forum de Davos comme certains de ses prédécesseurs, tels le président chinois Xi Jinping et son plaidoyer en faveur de la mondialisation, en 2017. « Il s’est contenté de dire les choses qui pouvaient faire plaisir à ce public, sans prendre trop de risques », commente Nariman Behravesh, chef économiste d’IHS Markit et familier du Forum.