Matteo Salvini, ministre de l’intérieur et chef de fil de la Ligue (extrême droite), à Rome, le 10 décembre 2018. / Tony Gentile / REUTERS

« Un très mauvais gouvernement », « un très mauvais président de la République »… Les tensions persistent entre Paris et Rome. Et les affrontements verbaux – à propos notamment du rôle joué par Paris en Afrique et de la crise migratoire – se sont poursuivis mardi 22 janvier, même si le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a tenté de calmer le jeu.

Après le vice-président du conseil italien et chef du Mouvement 5 étoiles (antisystème) Luigi Di Maio dimanche, c’est Matteo Salvini, ministre de l’intérieur et lui aussi vice-président du conseil, qui a tenu des propos hostiles mardi. Sur les réseaux sociaux, celui qui est aussi le chef de fil de La Ligue (extrême droite) a déclaré qu’il espérait que le peuple français se libère bientôt d’un « très mauvais président ». « L’occasion est celle du 26 mai [les élections européennes], quand finalement le peuple français pourra reprendre en main son avenir et son destin, son orgueil mal représentés par un personnage comme [Emmanuel] Macron », a affirmé M. Salvini dans une vidéo mise en ligne sur sa page Facebook.

Ce n’est pas la première fois que Matteo Salvini accuse le président français de gouverner « contre son peuple » et qu’il souhaite son départ au « plus vite ». Mardi, il s’en est également pris aux « intérêts pétroliers » de la France en Libye, « contraires à ceux de l’Italie », qui expliquent, selon lui, pourquoi l’Hexagone n’aurait « aucun intérêt à stabiliser la situation ».

Dimanche, Luigi di Maio s’en était pris à la France « colonialiste », l’accusant « d’appauvrir l’Afrique ». Il avait aussi appelé l’Union européenne à prendre « des sanctions » contre les pays qui, à commencer par la France, sont, selon lui, à l’origine du drame des migrants en Méditerranée en les « faisant partir » d’Afrique. Des propos « inacceptables et sans objet », pour le ministère des affaires européennes, qui ont valu à l’ambassadrice d’Italie en France d’être convoquée lundi au Quai d’Orsay.

« Amitié historique »

Mardi, le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a tenté d’apaiser les tensions, mettant en avant, dans un communiqué, « l’amitié historique » de son pays avec la France. « Dans une situation où l’Europe traverse une phase particulièrement critique, écrasée sous le poids des flux migratoires et incapable d’exprimer une stratégie politique commune et solidaire, il est légitime de s’interroger sur l’efficacité des politiques globales entreprises au niveau de l’Union européenne et au niveau des Etats membres », écrit-il.

« Cela ne veut pas dire remettre en cause notre amitié historique avec la France et encore moins avec le peuple français. Ce rapport reste fort et solide en dépit des diverses discussions politiques », a-t-il ajouté.

Les relations entre Paris et Rome sont extrêmement tendues depuis l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite alliée aux antisystèmes en Italie en juin 2018. Récemment, MM. Di Maio et Salvini ont apporté de façon très démonstrative leur soutien au mouvement des « gilets jaunes » qui secoue la présidence d’Emmanuel Macron. Ce soutien a été fraîchement accueilli par la ministre des affaires européennes française, Nathalie Loiseau, qui a invité les deux dirigeants à « balayer devant leur propre porte », soulignant que la France se gardait « de donner des leçons à l’Italie ».

Plus récemment, dans la foulée de l’arrestation en Bolivie de Cesare Battisti, Matteo Salvini a accusé les autorités françaises de ne pas livrer les anciens militants italiens d’extrême gauche réfugiés en France.

S’exprimant mardi en marge de la signature par Emmanuel Macron et Angela Merkel d’un nouveau traité de coopération franco-allemand à Aix-la-Chapelle, une source à la présidence française a évoqué indirectement les tensions actuelles. Lors des élections européennes, le projet européen va « vraiment se confronter à ceux qui  on le voit aujourd’hui encore avec les déclarations aberrantes du gouvernement italien cherchent cette espèce de destruction du projet européen et du couple franco-allemand », a-t-on dit.