L’Australie avait récemment fait part de ses préoccupations après la détention en Chine de deux Canadiens arrêtés le 10 décembre et soupçonnés d’avoir mené des activités « menaçant la sécurité nationale ». / JASON LEE / REUTERS

L’Australie enquête sur la possible disparition en Chine de l’écrivain Yang Hengjun, un ancien diplomate chinois et militant pour la démocratie. Ce dissident chinois, né en Chine mais de nationalité australienne, est porté disparu depuis son retour la semaine dernière à Canton, affirment ses proches. Un porte-parole du ministère australien des affaires étrangères et du commerce a répondu, mercredi 23 janvier, qu’il cherchait « à obtenir des informations sur un Australien qui aurait été porté disparu en Chine ».

La porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Hua Chunying, a déclaré « n’être pas au courant » de cette affaire, mais a promis « de s’informer auprès des services concernés ». Le Sydney Morning Herald rapporte de son côté que Yang Hengjun est arrivé vendredi en Chine depuis New York avec son épouse et leur fils, mais qu’il n’est jamais monté à bord d’un vol intérieur à destination de Shanghai qu’il devait prendre.

Yang Hengjun a travaillé pour le ministère chinois des affaires étrangères dans la province de Hainan, avant de partir en 1992 pour Hongkong puis en 1997 pour les Etats-Unis, où il collabora avec le cabinet de réflexion Atlantic Council. Il a ensuite acquis la nationalité australienne. Il est l’auteur de plusieurs romans d’espionnage et d’un blog très suivi en chinois. Il fut un temps qualifié de blogueur politique chinois le plus influent. Il avait disparu quelques jours en 2011 avant d’affirmer que cette « disparition » était en fait un malentendu.

Etrangers détenus par la Chine

Il pourrait être le dernier étranger en date à être dans le collimateur des services de sécurité chinois. L’Australie avait récemment fait part de ses préoccupations après la détention en Chine de deux Canadiens arrêtés le 10 décembre et soupçonnés d’avoir mené des activités « menaçant la sécurité nationale ».

Ces deux interpellations avaient été largement perçues en Occident comme des représailles de Pékin après l’arrestation, le 1er décembre au Canada, de Meng Wanzhou, une haute dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei.

Les relations entre la Chine et l’Australie sont également tendues depuis quelques mois. L’Australie a annoncé en août que Huawei serait exclu du déploiement du réseau 5G sur son sol, citant des risques pour la sécurité. Les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande ont pris des mesures similaires.

Feng Chongyi, un professeur à l’université de technologie de Sydney et ami de Yang Hengjun, a déclaré à la chaîne ABC qu’il pensait que ce dernier est détenu par le ministère de la sécurité d’Etat. « Je considère son arrestation comme un prolongement de la diplomatie des otages chinois pour le prendre en otage afin de faire pression sur le gouvernement australien, le gouvernement canadien et le gouvernement américain », a déclaré Feng.