Relancer la machine à tout prix. Ne plus apparaître comme le maillon faible de la Macronie. Les dirigeants de La République en marche (LRM) ont prévu d’annoncer une vaste réorganisation opérationnelle et politique du parti présidentiel, jeudi 24 janvier, lors d’une conférence de presse, à Paris. Le délégué général, Stanislas Guerini, doit présenter le nouveau dispositif, qui a été validé lundi, lors d’un bureau exécutif du mouvement. Ce remaniement interne vise à donner un nouvel élan à une formation, qui peine à exister depuis le début du quinquennat. « Que la voix de La République en marche porte plus haut, porte plus fort », a résumé M. Guerini, début janvier, dans un message aux quelque 400 000 adhérents.

Selon les informations du Monde, la réorganisation est vaste et les recrutements nombreux. L’un des principaux changements concerne le pôle élections, qui sera séparé en trois équipes distinctes. Une travaillera sur la préparation des élections municipales de 2020, sous la houlette du sénateur macroniste du Val-d’Oise Alain Richard, et deux autres en feront de même dans l’optique des départementales et des régionales de 2021. Celle consacrée à la préparation des départementales sera dirigée par le ministre des collectivités territoriales, Sébastien Lecornu. Il sera épaulé par le président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, Jean-Yves Gouttebel. Ce vaste pôle élections sera dirigé par le délégué général adjoint, Pierre Person, qui a la main sur la préparation de toutes les campagnes électorales à venir et sur l’activité militante.

Outre M. Lecornu, un autre membre du gouvernement va venir renforcer le parti, en la personne de Marlène Schiappa. La médiatique secrétaire d’Etat pour l’égalité entre les femmes et les hommes va piloter le débat d’idées au sein de LRM, en étant secondée dans ses travaux par le député Aurélien Taché, qui incarne l’aile gauche de la majorité. « On a délaissé le parti depuis un an et demi. Il est temps désormais de le renforcer, en créant des liens avec les organisations syndicales, les intellectuels et la société civile, ou en associant davantage les “marcheurs” sur le terrain », estime l’élu du Val-d’Oise.

Une communication renforcée

Ses collègues Laurent Saint-Martin (Val-de-Marne) et Guillaume Chiche (Deux-Sèvres) seront quant à eux chargés de « la prospective » pour alimenter le corpus idéologique du mouvement. Vingt délégués thématiques, qui plancheront sur des sujets divers tels l’agriculture ou la santé, auront vocation à irriguer ce pôle idées.

Le porte-parolat va également être profondément renforcé. Alors que la députée de Paris Laetitia Avia assurait cette fonction seule, depuis l’entrée au gouvernement de Gabriel Attal, le parti a décidé de mettre les bouchées doubles sur ce poste stratégique. Dans le nouveau dispositif, Aurore Bergé sera en charge du porte-parolat et de la riposte. En conséquence, la députée des Yvelines va quitter ses fonctions de porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale. Elle sera épaulée par trois autres porte-parole, au sein du parti : le député de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, spécialiste des questions d’agriculture ; la référente de LRM en Ille-et-Vilaine, Carole Gandon, pressentie pour être candidate aux municipales à Rennes ; et Laetitia Avia, reconduite dans ses fonctions. Autre changement : Stanislas Guerini a décidé de s’entourer. Son fidèle ami le député Adrien Taquet (Hauts-de-Seine), sera ainsi « chargé de mission » auprès de lui.

L’arrivée de ces renforts doit permettre au mouvement de se faire enfin entendre. « La nouvelle organisation du parti, sous l’impulsion de Stanislas Guerini, nous permettra d’être plus opérationnels et plus réactifs dans le soutien de l’action du président de la République, du gouvernement et de la majorité », veut croire Laetitia Avia. « Le mouvement va être le maillon fort de l’écosystème macroniste dans les prochains mois, abonde M. Person. On s’est entourés de personnalités de poids, avec une forte incarnation, pour prendre à bras-le-corps les enjeux électoraux. »

Préparer les futures élections

Le bureau exécutif, composé de trente membres, doit également être élargi à des parlementaires, avec l’ambition d’en faire un vrai espace de débat politique. Dans l’esprit des dirigeants LRM, c’est lors de cette réunion que doivent désormais se trancher les principaux débats qui agitent la majorité. « Les grandes orientations politiques doivent être définies au sein du mouvement », souligne M. Person.

En parallèle, la Macronie travaille aussi à l’organisation des européennes. Récemment, une équipe d’une dizaine de personnes s’est mise en place au siège du parti, autour du directeur de campagne et ex-conseiller de l’Elysée, Stéphane Séjourné. Une réunion est déjà prévue le 2 février, afin de former les cadres et les référents locaux du mouvement pour la campagne. Et ainsi lancer la dynamique en interne, avant la présentation de la liste fin février.

L’ex-ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, est lui chargé de construire un réseau d’élus intitulé « La République ensemble », qui aura le statut d’association affiliée à LRM. L’ex-socialiste, qui a retrouvé son mandat de député de la Manche, doit apporter son expérience pour œuvrer à la structuration territoriale dans l’optique des municipales. « Sa mission, c’est de fédérer des élus de gauche et de droite, au-delà de ceux qui nous soutiennent déjà », explique un dirigeant.

Une restructuration attendue par l’exécutif

Cette relance du mouvement est attendue avec impatience par l’exécutif, qui espère disposer rapidement d’un appareil en ordre de marche, capable de « protéger » davantage M. Macron. « A l’automne prochain, on aura un parti qui fonctionnera vraiment », parie le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Proche de M. Guerini, il estime que le nouveau patron du mouvement dispose des qualités nécessaires pour « mener à bien la structuration » de LRM et « faire tourner la machine ».

D’autres, au sein de la majorité, en doutent. « Guerini n’y arrivera pas car le parti a trop de points faibles, en particulier un maillage territorial quasi inexistant », juge un député macroniste. Avant de souligner : « En marche ! était censé être une solution, c’est presque devenu un problème. » « LRM doit surtout travailler sur son socle idéologique, souligne un autre. Le parti ne peut pas être seulement une association temporaire de gens qui ne croient pas aux mêmes choses et qui diffusent des éléments de langage. » Un défi identifié par Laetitia Avia : « Nous avançons sur une diversité de sujets de fond, sur lesquels nous devons travailler et alimenter notre idéologie, pour les prochaines élections et à plus long terme. » « Vu que le parti part de zéro, Stanislas Guerini ne peut que le relancer », ironise un proche du chef de l’Etat.