Mario Balotelli, 28 ans, doit signer mercredi 23 janvier un contrat de six mois avec l’Olympique de Marseille, à l’issue de sa visite médicale. / Claude Paris / AP

L’OM tient-il enfin son grand attaquant ? Cet avant-centre de renommée mondiale après lequel le club marseillais court depuis l’arrivée, en octobre 2016, de son actionnaire américain Frank McCourt. Ce buteur flamboyant dont les supporters olympiens rêvent depuis le transfert de l’Ivoirien Didier Drogba à Chelsea… en 2004.

Mario Balotelli, 28 ans, trente-six fois international italien, 33 buts en deux saisons de Ligue 1 avec l’OGC Nice, mais muet depuis août 2018, doit signer ce mercredi 23 janvier un contrat de six mois avec l’Olympique de Marseille, à l’issue de sa visite médicale.

Les supporters marseillais espéraient voir cet intérim à la durée inhabituelle débuter dès vendredi 25 janvier pour la venue de Lille, dauphin du classement, au stade Vélodrome. Mais, même officiellement qualifié avec sa nouvelle équipe, Balotelli ne devrait pas être prêt, selon des sources internes au club, pour cette rencontre couperet pour l’avenir de l’OM.

Imbroglio

L’ancien joueur de l’Inter Milan et du Milan AC, de Manchester City et de Liverpool, trois fois champion d’Italie et une fois champion d’Angleterre, s’est fait longtemps désirer. L’été dernier, l’attaquant natif de Palerme représentait déjà la cible prioritaire de l’OM.

Pour l’entraîneur Rudi Garcia, l’avant-centre italien, puissant et explosif, constituait le chaînon manquant à son système offensif. Le finisseur sans qui l’OM n’avait pu aller plus loin qu’une finale perdue en Ligue Europa (Atletico Madrid 0-3) et une quatrième place de Ligue 1.

L’imbroglio estival autour de ce transfert a duré plusieurs mois. Il a culminé le soir du 4 juillet 2018, lors d’une surréaliste soirée promotionnelle organisée par l’équipementier Puma – nouveau partenaire de l’OM mais soutien historique du joueur - où tout Marseille s’était persuadé qu’elle était l’écrin préparé pour accueillir Mario Balotelli.

La seule surprise du soir avait finalement été un clip baroque réunissant le rappeur Alonzo et l’Argentin Diego Maradona, et un slogan - « Venus de la mer pour mettre le feu » - qui avait permis à tous les ultras de Ligue 1 de se moquer d’un OM aux allures de vaisseau fantôme.

Incapable d’attirer un autre joueur correspondant à ce profil d’avant-centre puissant et efficace, désespéré par les performances ectoplasmiques de ses deux attaquants de pointe, Valère Germain et le Grec Kostas Mitroglou, attentif aux rapports exécrables entre un Mario Balotelli démobilisé et le nouvel entraîneur niçois Patrick Vieira, le club marseillais est revenu à la charge en janvier, à l’ouverture du mercato d’hiver.

Avec succès, cette fois, même si les négociations, encore complexes, ont pris trois longues semaines.

Equipe aux abois

Mario Balotelli n’est pas, à proprement parler, transféré par Nice. Il a personnellement résilié son contrat avec le club de la Côte d’Azur, pas mécontent de le voir partir, et s’est donc présenté libre à l’OM.

Son agent Mino Raiola, star du milieu et conseil, entre autres, des champions du monde Pogba, Matuidi et de Zlatan Ibrahimovic, s’est chargé de lui négocier un salaire correspondant à sa précédente rémunération. Le coût pour l’OM avoisine, selon plusieurs médias, les 3 millions d’euros, et inclurait plusieurs primes à la performance.

Le président marseillais Jacques-Henri Eyraud réfute d’avoir cédé à la pression d’un début de saison exécrable. Et, à la direction du club, on parle toujours de « bonne opportunité dans des conditions saines et acceptables » et de « gestion d’entreprise à long terme ».

Mais alors qu’elle aurait pu symboliser, il y a quelques mois, la marque d’une nouvelle ambition pour un OM stabilisé et revenu sur la scène européenne, l’arrivée de Mario Balotelli ressemble plutôt aujourd’hui à un coup de poker.

L’OM est aux abois en Ligue 1, septième du classement et lancée dans une tentative désespérée d’accrocher, au moins, une troisième place qualificative pour la Ligue des Champions.

Les groupes de supporters ont enflammé le stade Vélodrome le 13 janvier lors de la venue de l’AS Monaco (1-1), et demandent, sans discontinuer depuis, la démission de Rudi Garcia et du président Eyraud.

Un état de forme et une personnalité qui interrogent

Dans ces conditions, Mario Balotelli est-il le joueur qu’il faut pour sauver la saison de l’OM, alors qu’il ne lui reste au mieux que 17 matches à disputer avant la fin du championnat ?

Attaquant bulldozer d’1 m 89 pour 88 kg, doté d’une frappe de balle létale, l’Italien reste capable de marquer contre les meilleures défenses de France. Marseille le sait : avant sa disgrâce à Nice, « Super Mario » avait trouvé cinq fois le chemin de ses buts en quatre confrontations…

Personne ne remet en cause son statut de star mondiale et de « serial scorer », mais l’état de forme, après six mois sans marquer en Ligue 1, et la personnalité débordante de Mario Balotelli interrogent.

Les dissensions du début de saison entre les stars marseillaises - Thauvin, Payet, Luiz Gustavo, Rami, Mandanda –, l’arrivée de joueurs coûteux mais encore peu efficaces – Strootman, Caleta-Car – ont miné la confiance conquise la saison précédente.

Examen de conscience

L’équipe s’est lancée dans un grand examen de conscience et s’est - un peu - redressée à Caen le 20 janvier, avec sa première victoire en dix rencontres (0-1). L’arrivée de l’international italien peut catalyser les énergies, comme faire exploser la fragile union sacrée qui semble se dessiner.

« Tous les joueurs qui nous rendront meilleurs seront les bienvenus », expliquait il y a encore quelques jours Florian Thauvin face à la presse.

Magnétique médiatiquement et grassement payé, l’Italien fera-t-il les efforts nécessaires pour rendre l’OM meilleur ? Jacques-Henri Eyraud, qui l’avait reçu à Marseille en plein cœur de l’été 2018 pour tester sa détermination, le croit.

À Nice, où les supporters ont fini par le prendre en grippe après l’avoir adulé, le joueur est accusé de choisir ses matches et d’oublier les tâches défensives : lors de ces deux premières saisons, il a déclaré forfait pour un tiers des rencontres de son équipe, le plus souvent à l’extérieur, et boudait souvent le replacement tactique.

L’ambiance marseillaise lui donnera-t-elle l’envie de corriger son image de nonchalance et individualisme ? L’OM paye pour voir.