Zeljko Musa et les Croates ont battu Melvyn Richardson et les Bleus, mercredi. / Martin Meissner / AP

Il aurait pu avoir le goût d’un quart de finale, il n’a pas même eu la saveur d’un ersatz. Dans une arène de Cologne pleine mais assoupie, l’équipe de France s’est inclinée, mercredi 23 janvier, contre la Croatie (20-23) dans l’ultime rencontre du tour principal du Mondial. Une défaite dans « un match en bois », comme l’a synthétisé Kentin Mahé, qui ne change rien à la suite de la compétition. Qualifiés avant la rencontre, les Français seront au rendez-vous des demi-finales, vendredi à Hambourg, face au pays co-organisateur, le Danemark (17 h 30).

Pour cette partie sans enjeu, Didier Dinart a laissé la plupart de ses titulaires habituels sur le banc. Et s’est permis de piocher allégrement dans son effectif. « On savait qu’on allait jouer trente minutes chacun, énonce Luc Abalo. C’était à nous d’être présent pendant ce temps. On a fait des bonnes choses aujourd’hui, mais on a tous raté des choses également. »

Sur le premier but du match, les Bleus ont été spectaculaires, aériens et létaux, Karabatic envoyant Remili au kung-fu (reprise de la balle en l’air). Le reste a été plus ardu. Efficaces en défense, les Français ont peiné en attaque, manquant de précision et perdant de nombreux ballons. Si les Croates ont fait la course en tête la majeure partie de la première période, des éclairs de Melvyn Richardson – une fois encore à 100 % au tir – et de Timothey N’Guessan ont remis les hommes de Dinart à flot.

« Les Croates étaient plus déterminés »

Les Bleus avaient bénéficié de deux jours de repos mais, chose inédite depuis l’entame de la compétition, ils ont manqué de rythme. « On a l’impression d’être en vacances », annonçait Didier Dinart dimanche soir. Et certains semblaient encore l’être. Joie de la formule, sur les huit rencontres disputées par les Français depuis le début du Mondial, deux se sont jouées sans enjeu. Le public en a été pour sa faim, et les Croates ont su saisir l’occasion en seconde période. « Ça peut-être joué inconsciemment, parce qu’on s’est accoutumé à ce rythme infernal, a estimé Ludovic Fabregas. Après deux jours de repos, on a sans doute eu tendance à se relâcher. »

La seconde période a illustré cette détente. Perdant de nombreuses balles, les Bleus ont subi un coup de froid dans le dernier quart d’heure, allant jusqu’à compter quatre buts de débours. Et se sont heurtés à un Marin Sego auteur de dix arrêts dans les cages croates. La qualification en poche, et une incertitude absolue sur le dénouement de l’autre groupe, les Bleus n’ont probablement pas voulu puiser dans leurs ressources pour pousser jusqu’au bout les Croates. « Pour gagner un match quand on est à moins trois, il faut puiser dans les organismes et vraiment se dépenser », rappelait Kentin Mahé au lendemain de la rencontre contre la Russie – un autre match sans risque, remporté sur le fil. Point positif : nul Français n’a été blessé lors de cette rencontre pour du beurre.

Deux matchs à jouer, un à gagner pour une médaille

Il avait mis les tauliers au repos, mais Didier Dinart les a remis dans le money-time. Plus solides en défense, plus saignants en attaque, les Bleus ont fondu sur les Croates, revenant à deux buts d’écart à quelques minutes du terme. Mais les hommes de Lino Cervar en voulaient plus. « Les Croates étaient plus déterminés que nous aujourd’hui, résume l’entraîneur, pas inquiet de la tournure des événements. Et vu qu’on ne jouait pas notre vie, on n’a pas fait les efforts nécessaires pour revenir au score et se battre, sachant qu’il faudra tout donner dans deux jours sur cette demi-finale. »

« On est qualifiés pour le TQO », a rappelé l’entraîneur des Bleus, comme après chaque rencontre de la compétition et avant. TQO, les « tournois de qualifications olympiques », érigés en objectif par le sélectionneur français. « C’est bien, mais on n’est pas venus au Mondial pour organiser un TQO, a enfin reconnu le « Roc » français. Il reste encore deux matchs, et autant gagner le prochain afin d’être surs de décrocher une médaille. » L’adversaire des Bleus en demi-finale sera connu mercredi soir, au terme des ultimes rencontres du groupe II.

Sitôt joué, sitôt oublié ? Alors que les Croates se congratulaient, repartant du Mondial avec une belle victoire, les Bleus étaient déjà passés à autre chose après leur première défaite de la compétition. « Ce match ne va pas avoir une grosse influence sur notre préparation de la demi-finale, assume Luc Abalo. Ça ne va pas entamer notre confiance, ni nous faire plus travailler. » D’autant que les Bleus doivent quitter les bords du Rhin pour rallier Hambourg jeudi, et n’auront pas le temps de tergiverser.

« Finalement, une petite gifle avant la demi-finale, ça peut aussi nous faire du bien, conclut Valentin Porte. Si ça nous permet de nous remettre en question avant ce match très important. » Réponse vendredi, et comme philosophe l’entraîneur français : « Seul l’avenir nous dira si cette défaite était anecdotique ou pas. »